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La ligne 5 pour rien Paris
Cité de la musique
10/11/2002 -
Arnold Schoenberg : Concerto pour violon
Anton Bruckner : Symphonie n° 9
Christian Tetzlaff (violon)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Jukka-Pekka Saraste (direction)
Profitons ici que Christian Tetzlaff donne en bis un extrait d’une partita de Bach pour dénoncer une manie de certains violonistes de la «nouvelle génération» qui commence franchement à nous énerver : cette façon de sortir des sons filés à la limite de la rupture, des pianissimos imperceptibles, de privilégier le «beau son» sur la cohérence du discours et d’envelopper cela dans un envahissant legato qui impressionnent le novice mais déstructurent l’œuvre. Désolé, mais Jean-Sébastien Bach nécessite avant tout une rigueur implacable sous peine d’en détruire le message et jouer une de ses pièces avec le ton et l’empathie d’un air de Schubert est un absolu contre sens, c’est mettre de la guimauve sur de la polyphonie. Que l’on réécoute Nathan Milstein pour savoir comment il faut jouer ces œuvres... Cette manie eut pour précurseur Anne-Sophie Mutter (qui vient de sortir un Concerto pour violon de Beethoven abusant de ce subterfuge) et semble se répandre, malheureusement. Auparavant, le Concerto pour violon de Schoenberg avait laissé une impression mitigée, il se déroule sans souffle, la virtuosité d’écriture semble étouffer le violon plutôt que le faire respirer et resplendir, on frise l’ennui (eh oui, on a le droit de ne pas vénérer toutes les compositions de l’Ecole de Vienne !). On comprend que ce concerto soit rarement joué et fut refusé par son premier dédicataire, Jasha Heifetz. Après l’entracte, une Neuvième de Bruckner bruyante, précipitée, sans aucun mystère achève de nous faire regretter de nous être déplacés.
Philippe Herlin
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