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Art choral

Paris
Philharmonie
11/04/2025 -  
Johannes Brahms : Rhapsodie pour alto, chœurs d’hommes et orchestre, opus 53
Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem en ré mineur, K. 626

Axelle Fanyo (soprano), Agnieszka Rehlis (mezzo-soprano), Werner Güra (ténor), Guilhem Worms (basse)
Orfeón Donostiarra, José Antonio Saínz Alfaro (chef de chœur), Le Cercle de l’Harmonie, Jérémie Rhorer (direction)


J. A. Saínz Alfaro


Depuis leur première rencontre à la Quincena Musical de San Sebastiàn ici autour d’une Missa Solemnis, le chef français Jérémie Rhorer collabore dès que possible avec le chœur Orfeón Donostiarra. Après une belle Traviata donnée en version de concert en décembre dernier à la Philharmonie, place ce soir à un doublé choral mettant parfaitement en valeur les qualités du chœur basque.


Devant une salle comble, le concert débute par la Rhapsodie pour contralto, chœurs d’hommes et orchestre de Brahms, qui n’a que rarement les honneurs du concert. Le début est réalisé dans un beau climat sonore à la fois sombre et retenu. Le jeu sans vibrato des cordes, un parti pris esthétique du Cercle de l’Harmonie, enlève un peu de profondeur mais apporte de la clarté. Otto Klemperer est loin mais pourquoi pas ? On sent la contralto aux magnifiques graves Agnieszka Rehlis un peu crispée en début d’intervention, mais progressivement la voix et l’expression se libèrent. Le texte est bien audible (il est vrai aidé par un judicieux surtitrage) et la justesse comme l’interprétation sont au rendez‑vous. L’entrée en douceur du chœur d’hommes apporte une lumière bienvenue grâce notamment à la lisibilité des quatre parties. Décidément, une poignante et fascinante musique que l’on aimerait entendre plus souvent.


Place ensuite au célèbre Requiem de Mozart. La version proposée par Jérémie Rhorer a de l’allure et de l’énergie. Elle est un peu irrégulière, par moment agitée, ailleurs étonnamment alanguie. En fait, cela déborde d’idées, comme souvent chez les baroqueux, mais cela manque un peu d’unité et de ligne. Il n’empêche, le résultat global emporte l’adhésion à quelques afféteries près – on pense par exemple au ralenti appuyé sur le « maledictis » du Confutatis. A l’inverse, la fugue du Sanctus et sa reprise dans le Benedictus, prises dans un tempo très rapide à un temps, sont jubilatoires.


Les solistes assurent avec métier leur partie, seule la basse Guilhem Wormsn au chant parfois haché et trop ouvert, décevant légèrement. La mezzo Agnieszka Rehlis, moins exposée que pendant la première pièce, semble plus à l’aise. Le ténor Werner Güra fait une nouvelle fois la preuve de son grand métier. Quant à Axelle Fanyo, elle possède un timbre qui sied magnifiquement à Mozart et sa belle technique lui permet d’éviter des respirations inopportunes lors de ses interventions dans les premier et dernier mouvements.


Les cinquante chanteurs de l’Orfeón Donostiarra sont fidèles à la réputation d’excellence de l’ensemble. La beauté et la caractérisation des timbres, l’homogénéité sans faille, l’écoute inter-pupitres qui participe à la polyphonie (surtout lors d’accords finaux sonnant magnifiquement), la capacité inouïe à nuancer notamment lors d’un début d’Hostias et du Lacrimosa miraculeusement chantés pianissimo, tout participe au plaisir de l’écoute. L’attitude commune des chanteurs dans la respiration et l’articulation se transforme en une homogénéité musicale. En somme, un art choral au sommet issu, rappelons‑le, d’une tradition de bientôt cent trente ans et magnifiquement entretenue par José Antonio Saínz Alfaro, directeur de l’ensemble depuis 1987. C’est aussi grâce à lui que les grands chefs d’orchestre rêvent de travailler avec un ensemble décidément unique. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la liste de ceux avec lesquels il a collaboré, notamment Claudio Abbado, Daniel Barenboim, Riccardo Chailly, Gustavo Dudamel, Riccardo Muti, Yannick Nézet‑Séguin, Tugan Sokhiev, Daniel Harding, Iván Fischer, Semyon Bychkov, Simon Rattle, Lahav Shani ou Andris Nelsons.


Prochain rendez-vous pour cette équipe gagnante le 30 mars 2026 pour une version de concert du Rigoletto de Verdi qui promet.



Gilles Lesur

 

 

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