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Maison de la radio et de la musique
09/25/2025 -  
Othman Louati : Sanctuaires (création)
Arthur Honegger : Le Roi David, H. 37

Lambert Wilson (récitant), Amira Casar (La Pythonisse), Marianne Croux (soprano), Cornelia Oncioiu (alto), Yu Shao (ténor), Guillaume Redt Zimmer (alto)
Chœur de Radio France, Les Apaches !, Lionel Sow (direction)


M. Croux, L. Sow (© Edouard Brane)


Comment le plus français des compositeurs suisses, Arthur Honegger (1892‑1955), a‑t‑il pu à ce point disparaître des programmes de la plupart de nos orchestres parisiens ? Ce membre le plus éminent du « Groupe des Six » avec Francis Poulenc a beau être né au Havre, avoir fait ses études et passé la plus grande partie de sa vie en France, force est de constater son éclipse durable, aux côtés d’autres figures tout aussi emblématiques de son temps, comme Roussel et Martinů. Alors on ne boude pas son plaisir de retrouver l’ouvrage qui l’a fait connaître internationalement du jour au lendemain, que le Chœur de Radio France n’avait plus chanté depuis 2009 lors d’un concert à la Salle Pleyel, un an après Montpellier.


A l’instar de ces deux occasions, le chef de chœur fait office de chef d’orchestre, tout en choisissant la version originelle pour dix‑sept instruments, comme c’est souvent le cas désormais (voir notamment le disque de Daniel Reuss). On regrette toutefois qu’il n’ait pas été fait appel à des membres du Philharmonique de Radio France, comme cela avait été le cas en 2008 et 2009, pour préférer des membres de l’ensemble privé Les Apaches !. En dehors de cette réserve d’ordre budgétaire, force est de constater que les dix‑sept musiciens réunis relèvent haut la main le défi de la musique kaléidoscopique d’Honegger, qui alterne de courts bijoux ciselés, sans temps morts.


On regrette toutefois le parti pris d’une direction trop analytique et prudente de la part de Lionel Sow, qui manque d’allant et d’entrain dans les parties mesurées, aux tempi étirés. Le souffle attendu est davantage présent dans les parties verticales, surtout en seconde partie de soirée. Sow tombe aussi dans le piège de musiciens souvent couverts par les cent choristes réunis, ce qui apporte un déséquilibre audible dans plusieurs passages. Fort heureusement, le Chœur de Radio France s’acquitte de sa tâche avec un engagement bienvenu, tout de lisibilité et de transparence, en lien avec les intentions du chef.


Un autre motif de satisfaction vient des solistes réunis, qui sont passés par l’Académie de l’Opéra national de Paris : ce point commun est immédiatement audible par leur attention à la prononciation et au texte, un atout décisif dans ce répertoire. Le ténor chinois Yu Shao se distingue par son sens de la clarté, même si on aurait aimé une émission moins étroite, au service d’une interprétation plus solaire. Rien de tel pour les merveilleuses Marianne Croux et Cornelia Oncioiu, qui rivalisent de précision et d’intensité, faisant valoir des timbres superbes. C’est précisément en ce domaine que Lambert Wilson déçoit en récitant, faisant entendre une certaine fatigue vocale, à l’émission grasseyante, par ailleurs trop extérieure dans les intentions dramatiques. On lui préfère de loin la prestation investie d’Amira Casar dans le court rôle de la Pythonisse, malgré un abus audible du confort du micro.


La soirée avait aussi pour intérêt de découvrir en création mondiale la partition de Sanctuaires d’Othman Louati (né en 1988) : disséminé en plusieurs parties de l’ouvrage d’Honegger, le travail du percussionniste et compositeur français joue d’un continuum sonore au parfum envoûtant, héritier de l’école spectrale, qui s’insère bien dans l’œuvre. Cette proposition délicate fait entendre des bruitages en écho souvent morcelés, aux silences habités, tandis que les effets de chuchotements qui parcourent le chœur apportent un côté plus insaisissable et étonnamment sensuel.


Le concert en intégralité sur Arte Concert :






Florent Coudeyrat

 

 

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