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Redécouverte et découverte

Gijón
Teatro Jovellanos
08/21/2025 -  
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18
Franz Schubert : Symphonie n° 4 « Tragique », D. 417

Sofia Gulyak (piano)
Orquesta sinfónica del Principado de Asturias, Alejandro Cantalapiedra (direction)




ConcertoNet avait découvert, en 2007, dans le cadre d’une présentation des « grands pianistes de demain », Sofya Gulyak, une artiste russe née à Kazan en 1979, deuxième prix au concours Busoni de Bolzano et primée aux concours Schumann de Pistoia, Maj Lind d’Helsinki, William Kapell de l’Université du Maryland aux Etats‑Unis et Long‑Thibaud de Paris. Elle devait ultérieurement compléter ses prix par une médaille d’or au concours international de piano de Leeds. Et on n’évoque pas ses reconnaissances obtenues en Corée du Sud, à Copenhague et Saint‑Marin. Si cela correspondait à chaque fois à des médailles, il y aurait de quoi faire pâlir d’envie un maréchal soviétique. Pourtant, malgré ces impressionnantes cartes de visite, on la perd de vue, au moins au concert, puisqu’on repère quand même en 2015 un disque Brahms. Elle semble avoir donné des concerts en Angleterre au Brésil, en Italie et en Chine mais ConcertoNet n’a pas le plaisir de la revoir. Il est vrai qu’elle enseigne surtout aux Etats‑Unis.


L’occasion de la réentendre se présente à Gijón pour sa première venue en Espagne et la clôture du vingt‑cinquième festival international de Gijón Jesus González Alonso où elle avait animé, en compagnie de neuf autres enseignants, la plupart aux Etats‑Unis, des classes de maître pour de jeunes et brillants pianistes du monde entier, souvent d’origine asiatique.



(© Stéphane Guy)


Devant une salle fort bien remplie et notamment ces jeunes, regroupés au premier balcon, elle débute, après une très brève présentation du festival par sa directrice exécutive Amy E. Gustafson, une fidèle à Gijón, par un tube : le Deuxième Concerto (1901) de Serge Rachmaninov (1873‑1943). L’aisance et le naturel de l’approche frappe d’emblée. Rien n’est écrasé, tout est fluide. Le deuxième mouvement, malheureusement perturbé par une sonnerie de téléphone, malgré le rappel en début de concert, en castillan et en bable pour ceux, inexistants, qui ne comprendraient que ce dialecte local, de la consigne d’extinction, est quand même l’occasion d’un délicat dialogue entre la flûte assez remarquable de Myra Pearse et le piano. Il y a une pointe d’alanguissement mais on ne s’enfonce pas. Le troisième mouvement est volontaire mais la section des altos déçoit ; elle n’est clairement pas au niveau du reste. Puis la pianiste continue de démontrer une virtuosité exceptionnelle, sans épate, tandis que l’orchestre l’accompagne sans problème dans une belle coda, sous le geste ample du chef Alejandro Cantalapiedra.


Le public, qui a applaudi après le premier mouvement, manifeste à nouveau son enthousiasme, notamment du côté des stagiaires, et obtient un bis fort généreux : le « Sonetto 104 del Petrarca » vu par Franz Liszt (extrait de la Deuxième année. Italie des Années de pèlerinage) d’une maîtrise technique n’excluant pas une véritable vision poétique traduisant bien le thème du poème de base : Pace non trovo (« Je ne trouve pas la paix »).


Après la pause, le concert se poursuit avec la Quatrième Symphonie (1816) de Franz Schubert (1797‑1828). L’orchestre est encore plus convaincant, surtout du côté des trompettes, bien sollicitées dans un premier mouvement clairement tiré du côté de Haydn, et, forcément, des altos. Les flûtes fournissent des couleurs bucoliques bien agréables dans le deuxième mouvement. Le Menuet, aussi curieux que dansant, montre d’ailleurs l’ensemble des bois à leur meilleur. La cohérence des cordes n’est pas mise en défaut dans l’Allegro final malgré son rythme rapide. Le jeune chef espagnol Alejandro Cantalapiedra (né en 1994), chef assistant de l’Orchestre philharmonique des Pays‑Bas et de l’Opéra national des Pays‑Bas, qui remplaçait le chef titulaire, depuis 2022, le Portugais Nuno Coelho, mène bien les choses. Il dirige avec précision et un sens évident de l’architecture musicale de l’œuvre qu’il doit interpréter. Tout coule avec élégance dans cette lecture plus classique que romantique, en rien « tragique » en tout cas. Une chef à suivre ; un talent prometteur.



Stéphane Guy

 

 

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