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Maître du phrasé

Paris
Orangerie du Parc de Bagatelle
07/14/2025 -  et 17 juillet 2025 (Nohant-Vic)
Claude Debussy : Rêverie – Images (Première Série)
Frédéric Chopin : Nocturne en ut mineur, B 108 – Barcarolle, opus 60 – Valse en mi majeur, B 44 – Valses, opus 70 : 1. en sol bémol majeur – Valses, opus 69 : 2. en si mineur – Scherzo n° 2, opus 31

Dang Thai Son (piano)




Débuté le 22 juin, le Festival Chopin à Paris, pour sa quarantième année, a notamment mis à l’affiche François Dumont, François‑Frédéric Guy, Marc Laforet, Jean‑Marc Luisada et Anne Queffélec mais aussi bon nombre de jeunes pianistes, comme Ryan Wang pour le concert d’ouverture. La boucle est bouclée, car celui‑ci, qui est admis à concourir pour le dix‑neuvième Concours Chopin, est venu assister à l’après‑midi de clôture, confiée à Dang Thai Son (né en 1958) : le pianiste d’origine vietnamienne s’était fait connaître grâce au premier prix qui lui fut décerné lors de la dixième édition (1980).


Donné dans une Orangerie comble qu’un courant d’air bienvenu ne transforme pas en serre, comme c’est parfois le cas par ces fortes chaleurs, et à peine perturbé par les vociférations criardes des paons, son récital associe assez logiquement Debussy et, bien sûr, Chopin. Le premier, qui avait l’admiration parcimonieuse, en vouait une à l’égard du second, dont il édita et révisa les œuvres pour Durand tout en parcourant tout au long de son propre corpus pianistique bon nombre de formes chopiniennes (Mazurka, Ballade, Valse, Nocturne, Préludes, jusqu’aux ultimes Etudes, dédiées « à la mémoire de Frédéric Chopin »). Et Dang Thai Son les rattachant, comme il l’explique dans sa note d’intention, à une même « famille musicale », « celle de la poésie et de la sonorité », il n’a pas de mal à tisser avec « des thèmes récurrents » la trame d’un programme soigneusement agencé.


D’abord Debussy, avec une Rêverie de jeunesse (1890), tout sauf insipide et sentimentale, puis la Première Série (1905) des Images, où l’on peut admirer un toucher de ceux qui font oublier qu’il s’agit d’un instrument à percussion. Mais ce Steinway n’est ni chétif ni « impressionniste » pour autant, la houle semblant parfois même emporter les « Reflets dans l’eau » comme dans « Une barque sur l’océan ». Pour l’« Hommage à Rameau », le compositeur a précisé : « Dans le style d’une Sarabande mais sans rigueur » ; et c’est exactement ce qu’on entend ici, une danse, certes lente, mais une danse quand même, d’une infinie flexibilité, avant un « Mouvement » dont le motorisme serait presque déjà celui d’un Prokofiev.


Chopin, ensuite, avec le rare Nocturne en ut mineur (1837) pour commencer, dans le pur respect du texte qu’exige la simplicité de la mélodie. Dans la Barcarolle (1846), moins exubérante qu’une Isle joyeuse mais pas moins sereinement radieuse, Dang Thai Son déploie un art magnifique du chant orné. Il enchaîne ensuite sans interruption trois valses, celle en mi majeur (1829), la Première (1833) de l’Opus 70 et la Seconde (1829) de l’Opus 69, d’une parfaite souplesse, ballabile comme rarement, alors que nombreux sont ceux qui oublient que ce sont aussi des... valses. Le Deuxième Scherzo (1831) conclut sur une démonstration, de virtuosité, évidemment, mais avant tout de fantaisie (bien tempérée) et de fluidité narrative.


En bis, c’est l’incontournable Nocturne en ut dièse mineur (1830) de Chopin, mais qui ne lasse pas quand on se trouve en compagnie d’un tel maître du phrasé. Et tout autre chose dans « Golliwogg’s Cakewalk » qui conclut Children’s Corner (1908) de Debussy : une humeur malicieuse qu’on n’attendait pas forcément et un sens aigu des transitions. Comme de juste, Chopin a néanmoins le dernier mot, avec la miniature Valse en mi bémol (1840), refermant le récital et le festival sur la pointe des pieds.


Le site du Festival Chopin à Paris
Le site de Dang Thai Son



Simon Corley

 

 

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