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Un air estival à l’hôtel de Sully

Paris
Hôtel de Sully
07/11/2025 -  et 12* juillet 2025
Christoph Willibald Gluck : Don Juan ou le Festin de pierre, Wq. 52
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 39, K. 543

Orchestre de chambre de Paris, Roberto González‑Monjas (direction)


R. González-Monjas (© Marco Borggreve)


Décidément, la fraîcheur et le calme des cours des hôtels du Marais est prisée en cette période de l’année : le Festival européen Jeunes Talents a élu domicile de longue date à l’hôtel de Soubise (XIVe/XVIe), tandis que sous le titre « Un air d’été », l’Orchestre de chambre de Paris (OCP) a pour habitude de se produire à l’hôtel de Sully (XVIIe), siège du Centre des monuments nationaux, avec un programme différent, présenté deux soirs consécutifs, pour chacune des deux premières semaines de juillet, à un unique tarif de 20 euros. Dans l’angle sud‑ouest de la place des Vosges, à l’opposé de l’entrée principale du bâtiment, située rue Saint‑Antoine, une petite porte conduit vers le jardin, qui, orienté au nord, est relativement épargné par la chaleur, d’autant qui s’y insinuent de petits zéphyrs bienvenus pour le public assis sur les chaises du parvis ou les transats rouges en contrebas.


Après un premier programme confié au directeur musical de l’OCP depuis la saison qui s’achève, Thomas Hengelbrock, le second est échu à Roberto González‑Monjas (né 1988), qui, après avoir été premier violon solo de l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte‑Cécile, exerce désormais à la fois les fonctions de Chefdirigent du Collège de musique de Winterthour, de director titular de l’Orchestre symphonique de Galice et de Chefdirigent de l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg.


Dans un excellent français, il présente Don Juan ou le Festin de pierre (1761) de Gluck comme une œuvre « révolutionnaire ». De fait, avant de réformer profondément l’opéra, le compositeur a contribué à une conception nouvelle de la danse avec ce « ballet-pantomime » créé à Vienne sur un livret de Ranieri de’ Calzabigi (1714‑1795), qu’il allait retrouver pour Orphée, Alceste et Pâris et Hélène, et dans une chorégraphie de Gasparo Angiolini (1731‑1803). L’innovation, dans ce Don Juan, tient à un nouvel équilibre entre la danse et la musique, au profit de cette dernière, mais également à sa narration fidèle à l’histoire contée par Tirso de Molina puis Molière. Bonne idée, dès lors, que celle du le chef espagnol, qui donne lecture du livret au fur et à mesure des quinze courtes pièces succédant à la Sinfonia liminaire, permettant ainsi aux auditeurs de suivre l’action, même si cela se traduit par autant d’interruptions de la musique. Toutefois, l’intérêt ne retombe pas, grâce à une direction résolument dramatique, mettant en valeur le caractère narratif, coloré et parfois même quasiment descriptif de la partition. Cordes jouant débout et sans le moindre vibrato, l’OCP se montre à la hauteur de ce classicisme où la moindre faiblesse ne pardonne pas, surtout dans cette acoustique assez mate, qui ne permet pas de tricher et ne favorise pas la fusion des timbres, et l’on apprécie notamment, dans la romance de Don Juan à Elvire, le solo de hautbois d’Ilyes Boufadden‑Adloff, sur un accompagnement arachnéen de pizzicati et de théorbe.


Ce Don Juan – ibérique, forcément, vu la manière dont González‑Monjas fait sonner la jota de façon aussi systématique que délicieuse – ne pouvait que mener à Mozart, via non seulement Don Giovanni, bien sûr, dont il partage la tonalité de , mais même aussi Les Noces de Figaro, dont le final du troisième acte reprend le fandango qu’on entend parmi les danses de Gluck. S’ouvrant sur une très vigoureuse introduction lente, la Trente‑neuvième Symphonie (1788) de Mozart erre ensuite quelque peu, de fluctuations de tempo en choix contestables. Selon qu’on l’aura appréciée ou non, on pourra qualifier l’interprétation de contrastée ou décousue, avec une baguette hyperactive, semblant toujours avoir besoin de contrôler, de rechercher et de prouver quelque chose plutôt que de laisser le phrasé s’épanouir : bien au contraire, une certaine raideur tend à prévaloir, même dans le délectable et délicat ländler de la partie centrale du Menuet.


Un Mozart peut en cacher un autre car après quelques aventures à Amsterdam, à la Roque‑d’Anthéron puis au Parc floral de Paris, pour le retour de l’OCP avec son directeur musical au bercail de l’avenue Montaigne le 18 septembre, il s’agira, sous les doigts de Martin Helmchen, du rare Second Concerto pour piano de Franz Xaver Wolfgang, le benjamin des six enfants de Wolfgang Amadeus, précédé de la non moins rare Ouverture de Mathilde de Guise de Hummel et suivi de la Huitième Symphonie de Dvorák.


Le site de l’Orchestre de chambre de Paris



Simon Corley

 

 

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