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Tradition en clôture de saison

Vienna
Musikverein
06/27/2025 -  et 28 juin 2025 (Vienne)
Richard Strauss : Ständchen, opus 17 n° 2 – Meinem Kinde, opus 37 n° 3 – Mein Auge, opus 37 n° 4 – Das Bächlein, opus 88 n° 1 – Freundliche Vision, opus 48 n° 1 – Amor, opus 68 n° 5 – Zueignung, opus 10 n° 1
Anton Bruckner : Symphonie n° 6

Erin Morley (soprano)
Staatskapelle Berlin, Christian Thielemann (direction)


E. Morley (© Dario Acosta)


La sélection de lieder de Strauss qui ouvrait cette soirée permettait de savourer, en une succession de petites bouchées musicales, toute la délicate palette expressive de la soprano américaine Erin Morley. On peut certes imaginer des graves plus amples, plus voluptueux dans Mein Auge ou bien Meinem Kinde, mais son agilité vocale phénoménale, alliée à une parfaite diction et à des aigus cristallins d’une pureté inouïe, lui permet de briller avec aisance dans chaque lied, et en particulier dans la pièce coloratura Amor. L’accompagnement de Christian Thielemann brosse de très suggestifs paysages sonores, tout en maintenant consciencieusement l’orchestre en arrière-plan (un fait suffisamment rare pour être souligné), magnifiant ainsi le caractère chambriste de l’orchestration. La complicité artistique entre ces deux artistes est palpable ; ils s’étaient d’ailleurs produits, il y a quelques années, dans une série similaire de lieder avec la Staatskapelle de Dresde. En complément de programme, le chef d’orchestre annonce au microphone une première au Musikverein : le lied Nacht orchestré par Thomas Hennig, à partir d’esquisses de Strauss sur un poème de Herman Hesse (Mit Dämmerung und Amselschlag).


Les ombres de Beethoven et de Brahms semblent planer sur la lecture résolument germanique de la Sixième Symphonie de Bruckner; les tempos s’imposent avec évidence, permettant au Scherzo de trouver l’équilibre idéal entre tension et allant, infusant un élément de swing sans jamais devenir franchement dansant. Les dynamiques, d’une précision impressionnante, mènent à des crescendos fulgurants ; quant aux timbres de l’orchestre, ils rayonnent avec une plénitude solaire et directe, les cuivres s’intégrant harmonieusement avec la texture des pupitres de cordes. Dans l’Adagio, Thielemann anime remarquablement les dialogues entre voix internes, y révélant toute la richesse polyphonique de la partition – depuis des pianissimo miraculeusement extraits d’un immense tapis de cordes, jusqu’aux monumentaux triples fortissimo.


Mission accomplie pour ces interprètes rompus à ce répertoire, qui livrent une lecture grandiose et relativement orthodoxe pour conclure la saison du Musikverein – avant que Thielemann ne se fasse plus rare à Vienne, occupé par ses nouvelles fonctions berlinoises.



Dimitri Finker

 

 

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