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Un Chung peut en cacher un autre

Montpellier
Le Corum-Opéra Berlioz
07/20/2002 -  

Hector Berlioz : Le carnaval romain

Max Bruch : Concerto pour violon n°1

Olivier Messiaen : L'Ascension, quatre méditations symphoniques

Maurice Ravel: La Valse, poème chorégraphique

Orchestre Philharmonique de Radio France

Kyung-Wha Chung (violon)

Myung-Whun Chung (direction)



L'ouverture roborative du Carnaval Romain - en fait, celle de l'opéra encore mal aimé de notre Hector national Benvenuto Cellini - a montré un Orchestre de Radio- France dans une forme superlative, un océan démonté, une déferlante cataclysmique qui éclabousse le Corum de sa rage écumante. Une précision des attaques, un rubato ivre, une ductilité de gouvernail, telles sont les didascalies maritimes qui fondent la lecture suvoltée de ce Corsaire berlozien. A ce propos, c'eût été avec une joie indicible que l'on eût prolongé cette extase avec par exemple Waverley ou l'ouverture des Francs-Juges, rarement interprétées.


Hélas, trois fois hélas, il a fallu entamer une descente vertigineuse dans un gouffre de Néant, de médiocrité et d'insipidité la plus tapageuse. Le Concerto pour violon de Max Bruch est une triste plaisanterie musicale, avec ses ritournelles paresseuses, une sentimentalité guimauvée ; un champ sec et avare de nuances coloristiques, une morne plaine concertante déconcertante, aride, qui découragerait tout arbuste de la féconder. Ce qui est d'autant plus irritant, que l'on s'emerveille des Mille et un sortilèges que si belle artiste déploie, l'incandescente Kyung-Wha Chung pour l'ennoblir et le dépouiller de sa gangue de grandiloquence et d'uniformité emphatique. Ah ! si l'on avait mandé cette Mélusine (rien à voir avec Katrine Boorman) de l'archet pour s'emparer du Concerto pour violon de Korngold, celui de Katchaturian, ou encore celui de Busoni qui ont deux particularités : La beauté du diamant et la nécessité de convoquer une violoniste ardente, enflammmée et dotée d'un charisme à faire chavirer les plus rétifs à la littérature violonistique.


Alors que Monsieur Bruch, lui, ose fabriquer une oeuvrette de bric et de broc, et offre une piteuse décalcomanie peu gratifiante de Mendelssohn truqué et de Brahms traficoté : c'est de la contrefaçon éhontée. Aprés une saison en enfer, arrive alors ce genre de moment de grâce suspendu qui fait dire à Faust « reste encore, instant d'éternité inexprimable, tu es si beau ». Les quatre méditations symphoniques de Messiaen, L'Ascension, constituent une fresque faramineuse à l'éclat de sphères parsifalien, un retable luminescent aux couleurs archangéliques ; quatre nefs célestes qui s'ouvrent vers un empyrée de sons dyonisiaques ! Ah, les cuivres à l'unisson du Premier tableau, style très Enesco...


Ainsi, le second « psaume » musical, Alleluias sereins d'une âme qui désire le ciel unit dans une vigoureuse étreinte langoureuse, les cordes et les vents pour donner naissance à un impalpable bruissement d'ailes ; évoquant Bartok et quelque post-impressionnisme debussyste.Quant à la dernière strophe de ce poème mystique, ce voyage de l'âme vers l'ultime demeure est d'une intensité bouleversante qui rappelle à la fois l' Adagio de la Première symphonie d'Elgar, la Sérenade pour cordes et l'Adagio lamentoso de Tchaïkovsky.


Pour finir en fanfare ce festin sonore, qui consacre la musique française triomphante, une Valse de Ravel d'anthologie... une orgie chorégraphique ! Chung érige une bacchanale d'une sauvagerie érotique dévastatrice, et nous convie dans un archipel de luxure. C'est un désir turgescent qui monte vers le râle orgasmique libérateur, laissant ensuite le corps et l'âme pantelants.





Étienne Müller

 

 

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