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Lumière latine sur un chef-d’œuvre russe

Paris
Philharmonie
03/01/2025 -  et 24 (Milano), 25 (Wien), 26 (Budapest), 28 (Luxembourg) février, 3 (Zaragoza), 4 (Madrid) mars 2025
Luciano Berio : Quattro versioni originali della Ritirata notturna di Madrid di L. Boccherini
Antonín Dvorák : Concerto pour violoncelle n° 2, opus 104, B. 191
Serge Prokofiev : Roméo et Juliette, opus 64 (extraits)

Gautier Capuçon (violoncelle)
Filarmonica della Scala, Lorenzo Viotti (direction)


L. Viotti (© Desiré van den Berg)


On connaît depuis longtemps l’orchestre de la fosse scaligère, mais Claudio Abbado en a fait aussi une phalange symphonique, que ses successeurs ont maintenu au niveau d’excellence auquel il ‘avait hissé depuis 1982. Si Riccardo Chailly a malheureusement dû renoncer à assurer sa dernière tournée, Lorenzo Viotti, dont on a souvent souligné le talent, assure brillamment la relève.


Certes le Concerto pour violoncelle de Dvorák laisse un peu sur sa faim. Gautier Capuçon y déploie une magnifique sonorité, ronde et chaude, avec un très large éventail de nuances – la fin du mouvement lent est suspendue. Mais on peut attendre ici plus de flamboyance, alors qu’il offre une lecture assez intériorisée. L’orchestre s’y adapte parfaitement, même si l’on sent Lorenzo Viotti un peu contraint et si l’on ne respire guère les parfums si spécifiques de la musique de Dvorák. Séduit beaucoup, en revanche, la transcription pour violoncelle solo et cordes graves de « Lass mich allein », la première des Quatre mélodies opus 82, où Dvorák évoque la figure de sa belle‑sœur et qu’on retrouve d’ailleurs dans le Concerto.


Chef et orchestre se libèrent pleinement dans les extraits des trois Suites de Roméo et Juliette de Prokofiev. Si l’orchestre ne sonne pas comme un orchestre russe, avec ses cuivres ronds et ses cordes soyeuses, il jette une magnifique lumière latine sur le chef‑d’œuvre du musicien russe, nous rappelant que nous sommes à Vérone. Dès « Les Montaigu et les Capulet », un climat est créé, par la tension qu’imprime la direction et les couleurs sombres qu’elle déploie, avant que la virevoltante « Danse du matin » ne flatte la virtuosité de l’orchestre, comme plus tard l’« Aubade », d’une superbe finesse de trait. Une violence sourde traverse « La Mort de Tybalt », mais celle de Juliette irradie de lyrisme, comme auparavant « Roméo et Juliette ». Partout s’affirme un chef de théâtre, à la fois narratif et coloriste. On le retrouve dans le bis, le célèbre intermezzo de Manon Lescaut de Puccini, d’une enivrante beauté.


Le concert avait commencé par un hors-d’œuvre savoureux, les Quatre versions originales de la « Retraite nocturne de Madrid » de Boccherini, « transcription de transcription » au dire de Berio lui‑même, sorte d’arche en crescendo-decrescendo, suite de variations plus élaborées qu’il y paraît. Berio aurait eu cent ans cette année, comme Boulez : qu’a‑t‑on prévu à la Philharmonie ?



Didier van Moere

 

 

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