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Un Barbier théâtral

Lille
Opéra
02/27/2025 -  et 2*, 4, 6, 8, 10 mars 2025
Gioacchino Rossini : Il barbiere di Siviglia
Deepa Johnny (Rosina), César Cortès (Le comte Almaviva), Alessandro Luongo (Figaro), Omar Montanari (Bartolo), Vazgen Gazaryan (Basilio), Andreea Soare (Berta), Thibault de Damas (Fiorello, Un officier), Pierre‑Guy Cluzeau (Ambrogio), Laurent Herbaut (Un notaire)
Chœur de l’Opéra de Lille, Louis Gal (chef de chœur), Orchestre national de Lille, Diego Ceretta (direction musicale)
Jean-François Sivadier (mise en scène), Alexandre de Dardel (décor), Virginie Gervaise (costumes), Philippe Berthomé (lumières)


(© Simon Gosselin)


Jean-François Sivadier ? Du théâtre à l’opéra, mais dans le bon sens du terme. Dans ce Barbier de Séville (1816), reprise d’une production de 2013, c’est Figaro, le metteur en scène : voici de nouveau le principe de la pièce en cours d’élaboration. En prenant place, le spectateur découvre d’abord un plateau dépouillé, avec quelques accessoires, des chaises, notamment, des cordes suspendues et des tas de planches de bois qui, en se redressant, deviennent des persiennes.


Il s’agit moins d’un décor que d’un dispositif, mais celui‑ci, superbement éclairé, réjouit par sa légèreté, sa fluidité, son pouvoir de suggestion. Reprise par Véronique Timsit, secondée par Johanne Saunier, la mise en scène tire profit d’une direction d’acteur enlevée et inventive, parfois un peu surchargée d’intentions. Simple, en apparence, sophistiquée, en réalité, la scénographie de ce spectacle plein d’humour et de finesse épouse le ton et l’allure de cet opéra‑bouffe. Elle nous intéresse encore douze ans plus tard, même si elle ne réserve plus vraiment de surprises : nous connaissons maintenant bien l’art et la manière de Jean‑François Sivadier et de ses collaborateurs.


L’Opéra de Lille a totalement renouvelé la distribution, sans grande célébrité, mais vraiment réjouissante, tant sur le plan vocal que théâtral. Les chanteurs se montrent capables d’autant de retenue que d’éclat. Deepa Johnny incarne une Rosine pleine de vitalité et de charme. La mezzo‑soprano met en valeur une voix adéquate pour surmonter avec naturel et maîtrise la virtuosité de sa partie et elle attire constamment l’attention par sa justesse et sa présence. Il s’agit d’une belle révélation, mais les autres interprètes répondent également aux attentes. César Cortès convainc aussi sans réserve en Comte Almaviva. La voix et le timbre possèdent les qualités recherchées dans ce genre d’emploi, le style témoignant d’une réelle aptitude dans le répertoire italien du début du dix‑neuvième siècle – la finesse, l’élégance, la clarté. Alessandro Luongo parait tout aussi juste et crédible, drôle et futé, en Figaro, un rôle qui lui permet d’exploiter un grand talent pour la comédie.


Omar Montanari excelle en Bartolo, même s’il vaut tout de même mieux opter pour un chanteur plus âgé, afin d’accentuer la différence de génération avec Rosine. Le baryton, vocalement agile et constamment juste, habite pleinement son personnage dont il restitue bien le caractère, sans trop accentuer le trait. Vazgen Gazaryan impressionne en Basilio, grâce à sa belle et profonde voix de basse et à son chant syllabique, parfaitement maîtrisé. Andreea Soare campe une Berta tout à fait idiomatique. La mise en scène a bien saisi le potentiel de ce rôle complémentaire de celui de Rosine, la soprano livrant une performance vocale de grande classe. Pour le reste de la distribution, Thibault de Damas, en Fiorello et un officier, ainsi que Pierre‑Guy Cluzeau, en Ambrogio, soignent leurs interventions.


Sous la direction impeccable de Diego Ceretta, l’Orchestre national de Lille joue avec autant de vitalité que de rigueur et produit de plaisantes sonorités. Le chef veille constamment à l’intensité rythmique, à la netteté de l’articulation, à la tenue du phrasé, dans une approche plutôt traditionnelle, ce qui ne constitue aucunement un regret. Si cette approche interprétative, qui partage les mêmes qualités de fluidité et de précision que la mise en scène, fonctionnait bien il y a trente, quarante ou cinquante ans, elle conviendra encore dans les prochaines décennies. Fort bons choristes, enfin, dont Laurent Herbaut, notaire costumé comme Charlot.



Sébastien Foucart

 

 

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