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« Alte Schule » München Herkulessaal 02/20/2025 - et 21 février 2025 Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 1, opus 21
Anton Bruckner : Symphonie n° 3 (édition Nowak, 1889) Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Marek Janowski (direction)  M. Janowski (© Astrid Ackermann)
« Alte Schule ». Ces mots me parviennent d’un couple assis à proximité : « vieille école ».
Ils parlent bien évidemment de Marek Janowski, chef d’orchestre invité de la soirée. A 86 ans, ce dernier apparaît légèrement plus frêle que lors de ma dernière rencontre en 2016, et sa chevelure latérale a viré au blanc immaculé.
Mais qu’entendre donc par « vielle école » ? Dans la Première Symphonie de Beethoven, Janowski respecte scrupuleusement les tempi indiqués sur la partition, contrairement à nombre de chefs des générations précédentes, qui privilégiaient des rythmes plus lents. L’équilibre entre les sections est minutieusement travaillé, et les instruments à vent, habituellement un peu discrets dans cette salle avec cet orchestre, retrouvent leur présence, rappelant... l’approche des ensembles baroques.
A l’inverse de nombreux chefs plus jeunes, il maintient une stabilité rythmique remarquable. Les changements de tonalité s’effectuent sans ralentissements un peu artificiels et visibles, une pratique courante chez la nouvelle génération. Janowski comprend que la musique de Beethoven exige une pulsation constante, qu’il parvient à établir magistralement. Les cordes adoptent un vibrato naturel, leur conférant une riche palette dynamique. Enfin et surtout, il sait trouver et développer de longues lignes musicales, nous montrant ainsi comment l’œuvre est architecturée.
Les deux symphonies au programme, bien qu’annonçant déjà l’évolution future de Beethoven et Bruckner, demeurent des œuvres de jeunesse. La composition de Beethoven s’inspire de Haydn, tandis que Bruckner, même s’il dédie cette symphonie à Richard Wagner, changera de dimension dans sa Quatrième Symphonie.
Janowski, connu pour son intégrale des Symphonies de Bruckner avec l’Orchestre de la Suisse romande, obtient ici avec l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise une intensité dramatique et une splendeur sonore supérieures. La section des cors, menée par l’incomparable Carsten Duffin, atteint l’excellence. Les tempi sont animés et la lecture sans sentimentalité excessive.
Voici un Bruckner plus bucolique et plus agnostique qui nous est proposé, un Bruckner finalement assez jeune servi par un maître de la « vieille école ».
Antoine Lévy-Leboyer
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