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Hop München Prinzregententheater 02/09/2025 - Johann Sebastian Bach : Cantates « Herr, gehe nicht ins Gericht », BWV 105, « Liebster Gott, wenn werd ich sterben », BWV 8, et « Was Gott tut, das ist wohlgetan », BWV 99 Carolyn Sampson (soprano), Tim Mead (contre-ténor), Thomas Hobbs (ténor), Konstantin Krimmel (basse)
Chor des Bayerischen Rundfunks, BRSO hip, Sir Simon Rattle (Direction)  (© Bayerischer Rundfunk/Astrid Ackermann)
Il y a plus de deux ans, lors de la conférence de presse d’annonce de la saison, Sir Simon Rattle avait évoqué le projet de constituer un ensemble jouant sur instruments d’époque. Voici enfin ce rêve réalisé avec la première prestation en concert du BRSO hip, « hip» pour « historically informed performance ».
Sur scène se trouve un ensemble d’une vingtaine de musiciens. Les cordes, avant chaque cantate, s’accordent avec encore plus de soin que d’habitude. Flûte, hautbois, bassons ainsi qu’un cor à pistons sont des instruments d’époque, ce dernier prenant de réels risques avec son instrument dans l’accompagnement du duo soprano-contre‑ténor « Wenn des Kreuzes Bitterkeiten » de la Cantate BWV 99.
Comme pour la lecture des dernières Symphonies de Mozart trois jours plus tôt, on ne peut qu’être frappé par la richesse de la musique. En formation réduite, le chœur est splendide et révèle la richesse harmonique des chorals. Faut‑il le rappeler, le Chœur de la Radio bavaroise est probablement le meilleur ensemble choral d’Allemagne, voire d’Europe, à son aise de Bach à Berio. La gravité du choral « Herr, gehe nicht ins Gericht mit deinem Knecht » de la Cantate BWV 105 est patente tandis que le choral « Nun, ich weiss, du wirst mir stillen » accompagné par les solistes est simple, direct avec un decrescendo final plein de musicalité.
Rattle trouve toute une série de détails qui mettent en lumière les multiples facettes des œuvres. Il y a dans l’accompagnement de l’air du ténor « Erschüttre dich nur nicht, verzagte Seele » dans la Cantate BWV 99 un moment où les contrebasses jouent quelques notes pizzicato avec un accent plus marqué qui donne un superbe relief à leur partie. Il maintient une magnifique longue ligne piano dans l’accompagnement du baryton dans l’air « Doch weichet, ihr tollen, vergeblichen Sorgen! » de la Cantate BWV 8. Il y a beaucoup de travail et de recherche qui rendent justice à la richesse de la musique.
Carolyn Sampson a une superbe ligne dans son solo « Wie zittern und wanken der Sünder Gedanken » de la Cantate BWV 105. Mais c’est surtout Konstantin Krimmel qui ressort, aussi bien dans l’autorité de ses récitatifs que dans la musicalité de ses solos. Le seul petit bémol qu’il faut cependant mentionner est qu’à l’exception de ce dernier, la diction des solistes ne permet pas assez de comprendre un texte qui est au final très dramatique. C’est une lecture plus apollinienne que dionysiaque et même si ce sont des œuvres écrites pour être jouées dans un contexte religieux, les textes ont une force qui est souvent en retrait par rapport à une certaine recherche de musicalité.
Lors des applaudissements très nourris d’un public particulièrement attentif, Sir Simon Rattle prend la partition et nous la montre avec respect et vénération. Il y a plus de deux cents cantates de Bach. A quand la suite ?
Antoine Lévy-Leboyer
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