About us / Contact

The Classical Music Network

Metz

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une réussite menée tambour battant

Metz
Opéra-Théâtre
12/20/2024 -  et 21, 22, 26, 31 décembre 2024, 1er janvier 2025
Francis Lopez : Le Chanteur de Mexico
Amadi Lagha (Vincent), Régis Mengus (Bilou), Perrine Madoeuf (Eva), (Tornada), Apolline Hachler (Cricri), Gilles Vajou (Cartoni), Hadrian Levêque Di Savona (Réalisateur), Charlène François (Assistante du réalisateur), Ballet de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz
Chœur de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz, Nathalie Marmeuse (cheffe de chœur), Orchestre national de Metz Grand Est, Victor Rouanet (direction musicale)
Paul-Emile Fourny, alias Pablo Proporciona (mise en scène), Hernán Penuela (décors), Giovanna Fiorentini (costumes), Patrick Méeüs (lumières), Graham Erhardt-Kotowich (chorégraphie)


(© Philippe Gisselbrecht/Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz)


Parmi les plus grands succès de la prolifique carrière de Francis Lopez, Le Chanteur de Mexico (1951), fait un retour remarqué ces dernières années, que ce soit dans la production de 2020 présentée au théâtre de l’Odéon à Marseille, fidèle à l’opérette originale, ou dans l’adaptation réalisée en 2006 à Paris, puis reprise en 2017 à Lausanne. C’est précisément sur cette dernière réduction que se fonde le spectacle mis en scène par Paul‑Emile Fourny (également auteur des nouveaux dialogues avec Pénélope Bergeret et Gilles Vajou), qui restreint considérablement la partie théâtrale pour lui palier un comique de répétition proche de la malice bon enfant d’Hergé : nom étranger écorché, assistante imbuvable, technicien bègue, etc. Il serait plus juste de renommer le spectacle « Un Chanteur de Mexico », tant les puristes pourraient tiquer sur les nombreux changements opérés, mais ne boudons pas notre plaisir : en dehors de cette réserve, il s’agit bien du meilleur spectacle d’opérette vu ces dernières années !


Quelle est la recette de ce succès ? On est frappé d’emblée par le festival de couleurs des décors et costumes élaborés respectivement par Hernán Penuela et Giovanna Fiorentini, d’une folle virtuosité. On aime aussi l’énergie et la présence bien dosée des danseurs, toujours en soutien de l’action pour animer le plateau. Mais c’est surtout la musique de Lopez qui surprend par son imagination ébouriffante, passant des rythmes chaloupés gorgés de bonne humeur aux ambiances populaires basques (dont il était originaire, à l’instar de Luis Mariano, créateur emblématique du rôle‑titre), avant d’enchanter plus encore en seconde partie par la palette sonore déployée pour imager le Mexique. Lopez fait vivre sa carte postale d’une variété d’atmosphères revigorante, mêlant jazz, tango et autres danses de son temps à des morceaux plus classiques, souvent augmentés d’instruments réputés peu « nobles » (castagnette, accordéon...). Le sens de l’à‑propos situationnel force l’admiration, à l’instar de l’inspiration mélodique quasi inépuisable, aux facilités volontairement gaillardes ici et là. La surprise vient de la fosse où le jeune chef Victor Rouanet (25 ans), déjà entendu ici même l’an passé dans Le Monde de la lune de Haydn, se régale de cette musique en une baguette vibrante et haute en couleurs, toujours admirable de souplesse. On espère entendre à nouveau très vite cet ancien élève d’Alain Altinoglu, très généreux au moment des saluts en reprenant les principaux tubes de l’opérette.


Des saluts encouragés par une salle que l’on a rarement vu aussi enthousiaste, tandis que le rôle‑titre tenu par Amadi Lagha (Vincent) se plie au jeu des reprises de la chanson « Mexico » et de ses périlleuses saillies en voix de tête, en se faisant aider de la salle, pour le moins ravie. Le ténor franco‑tunisien fait valoir une émission puissante en pleine voix, entre longueur de souffle et phrasés admirables de subtilité, ne forçant jamais le trait d’un excès de brio. Si l’accent parlé rappelle parfois Enrico Macias, le chant est quant à lui moins convaincant dans les piani, mais reste toujours d’une générosité communicative sur le reste de la tessiture. A ses côtés, Perrine Madoeuf (Eva) compense une projection plus modeste par une musicalité délicieuse de souplesse aérienne, d’une tenue de ligne techniquement parfaite. Seule la composition d’une « titi parisienne » pourrait trouver davantage de mordant au niveau interprétatif, même s’il faut reconnaître que la réduction des dialogues n’aide pas à faire vivre pleinement ce personnage. Réduit à portion congrue, le rôle de Bilou trouve en Régis Mengus un interprète toujours aussi savoureux, aux graves splendides d’articulation. Si le tempérament d’Apolline Hachler (Cricri) donne beaucoup de piquant à son rôle de diva, on aime plus encore la folle roublardise de Gilles Vajou (Cartoni), finalement touchant en vieux beau éternellement éconduit.



Florent Coudeyrat

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com