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Aristo orchestre Paris Philharmonie 12/17/2024 - et 11, 12, 13, 15 (Amsterdam), 16 (Luxembourg) décembre 2024 Alphons Diepenbrock : Marsyas : Entr’acte
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 9 « Jeunehomme », K. 271
Antonín Dvorák : Symphony n° 8, opus , B. 163 Maria João Pires (piano)
Koninklijk Concertgebouworkest, Iván Fischer (direction)
I. Fischer, M. J. Pires (© Ondine Bertrand/Cheeese)
L’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, dirigé par son chef invité honoraire Iván Fischer, a fait une halte parisienne lors de sa tournée d’hiver avec un programme raffiné et comme soliste la pianiste portugaise Maria João Pires.
Hommage au patrimoine national néerlandais avec d’entrée le court Entracte de la Suite Marsyas au propos mythologique du compositeur Alphons Diepenbrock (1862‑1921). Gloire nationale, lié à Gustav Mahler, Richard Strauss et même Arnold Schönberg et ami de Willem Mengelberg qui guida sa carrière de compositeur, son médaillon figure en bonne place dans la grande salle du Concertgebouw à Amsterdam. Introduction parfaite pour l’orchestre, qui peut scintiller dans cette musique postromantique mâtinée de rares audaces modernistes (elle a été créée en 1910) où brille particulièrement le merveilleux premier flûtiste de l’orchestre.
Mais l’orchestre sait aussi se faire discret et le chef un accompagnateur attentionné pour servir d’écrin au jeu à la fois perlé et rythmiquement efficace de Maria João Pires. Pris à un tempo plutôt lent, le concerto de jeunesse Jeunehomme, dans lequel le piano est souvent à découvert avec ses longues cadences, est parfait pour mettre en valeur la musicalité, le sens des phrasés et la maturité de la pianiste, qui l’a enlevé avec une belle simplicité. Grand triomphe, mais pas de bis pourtant bien réclamé par un public enthousiaste.
Chatoyante, riche en thèmes mélodiques et sentant bon la nature et les forêts de Bohème avec ses chants d’oiseaux, ses thèmes religieux, ses échos de fête populaire et le fameux rire de son troisième mouvement, la Huitième Symphonie de Dvorák, son avant‑dernière, est certainement proche de l’idéal pour apprécier toutes les qualités individuelles et collectives de cet aristo orchestre, un des cinq meilleurs en Europe. Iván Fischer retrouve son tempérament mittel‑européen pour faire chanter et même danser dans l’éblouissant Allegro ma non troppo final cette musique sublimée par le moelleux des cordes et dans laquelle brillent bois et cuivres, soutenus par un implacable mur de contrebasses. Et comme il était prévisible, l’orchestre a couronné son concert avec comme « encore » la Première des Danses slaves opus 72 de Dvorák.
Olivier Brunel
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