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Sous les ors du Château

Fontainebleau
Château (Chapelle de la Trinité et salle de bal)
12/13/2024 -  et 14, 15* décembre 2024
Claudio Monteverdi : Selva morale e spirituale : 30. «Magnificat primo a 8 voci », SV 281 – Vespro della Beata Vergine, SV 206 : 12. « Ave maris stella »
Dario Castello : Sonata decima quinta a 4
Giovanni Gabrieli : O Jesu mi dulcissime
Felix Mendelssohn : Drei Motetten, opus 69 : 3. « Mein Herz erhebet Gott, den Herrn » – Quatuor à cordes en mi bémol majeur, opus 12 (extrait)
Johann Sebastian Bach : Wie schön leuchtet der Morgenstern, BWV 436
Gustav Schreck : Wie soll ich Dich empfangen
Max Reger : Der evangelische Kirchenchor, WoO VI/17 : 17. « Jesu, grosser Wunderstern » – 12 deutsche geistliche Gesänge, WoO VI/13 : 2. « Adventlied (Es kommt ein Schiff geladen) »

Balthasar-Neumann-Chor, Balthasar-Neumann-Akademie, Balthasar-Neumann-Orchester, Thomas Hengelbrock (direction)


(© Daniel Liburski/Accent Tonique)


En résidence au Château de Fontainebleau depuis 2021 avec son Ensemble Balthasar Neumann, Thomas Hengelbrock (né en 1958) dirige trois concerts par an dans le cadre prestigieux de l’ancienne résidence royale, tout en poursuivant parallèlement une carrière internationale, en tant que chef invité ou permanent (notamment à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris depuis l’an passé, suite au décès précoce de Lars Vogt). A Fontainebleau, plusieurs projets sont organisés hors les murs, en partenariat avec les institutions locales, du conservatoire de la ville au centre Alzheimer de la villa Baucis. Cette volonté de mener des actions pédagogiques à Fontainebleau fait écho à l’intérêt constant du chef allemand en ce domaine, notamment la création de l’Académie Balthasar Neumann, qui donne une première expérience à de jeunes musiciens et chanteurs pour affronter les nécessités du concert et du spectacle vivant.


Présenté par la présidente du château de Fontainebleau, Marie-Christine Labourdette, sous l’oreille attentive de l’ambassadeur d’Allemagne, le programme se déroule dans le cadre intimiste de la chapelle de la Trinité, avant une déambulation en seconde partie de concert sous les ors de la salle de bal du château. Dans les deux salles, le décor en boiseries offre une sonorité chaleureuse, idéale pour l’effectif réduit du concert (vingt‑deux chanteurs et sept musiciens). Tous les solistes requis par les partitions interviennent depuis le chœur, sans que leur rôle ne soit excessivement mis en avant : c’est là une caractéristique de l’Ensemble Balthasar Neumann que de jouer le collectif sans valorisation narcissique, à l’image du chef, d’une humilité manifestement sincère au moment des saluts.


Le concert débute sous les auspices de la musique baroque, que Hengelbrock n’a cessé de défendre sur instruments « anciens » tout au long de sa carrière, que ce soit avec le Concentus Musicus de Vienne, l’Orchestre baroque de Fribourg ou « son » Ensemble Balthasar Neumann. On retrouve les habituelles qualités d’éloquence sans ostentation du chœur, entre précision et parfaite homogénéité. La clarté des phrasés, respectueuse de chaque silence, impressionne par son articulation agile et son respect des équilibres. La hauteur de vue qui se dégage de ces interprétations sonne comme une évidence, d’autant plus que le programme s’avère admirablement construit dans l’alternance de parties a capella ou pour instruments seuls, entrecoupées des chœurs avec accompagnement orchestral.


La seconde partie poursuit sur les mêmes cimes en tournant son inspiration vers le XIXe siècle (Bach excepté), autour d’une musique volontiers plus homophonique dans l’écriture pour les voix. En bis, le délicat motet « Abendlied » de Josef Rheinberger (1839‑1901), issu de ses Trois chants sacrés opus 69, nous rappelle combien ce contemporain de Brahms gagnerait à être plus connu en France. Gageons que les efforts conjugués de Frieder Bernius (voir l’anthologie de dix disques parue chez Carus en 2015) et Thomas Hengelbrock sauront y remédier.


En attendant, on retrouvera le chef allemand en concert à Fontainebleau les 16 et 17 mai prochain, autour d’un programme de musique viennoise (Gluck, Mozart, Schubert et Beethoven).



Florent Coudeyrat

 

 

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