Back
Enchanteur Helsinki Suomen Kansallisooppera 11/30/2024 - et 7*, 11, 13, 18, 20, 21, 26, 27, 28, 30 décembre 2024 A Christmas Carol David Bintley (chorégraphie), Sally Beamish (musique)
Nikolas Koskivirta/Johan Pakkanen/Sergei Popov/Giuseppe Martino (Scrooge), Florian Modan/Jun Xia/Clark Eselgroth/Martin Nudo (Jeune Scrooge), Violetta Keller/Yuka Masumoto/Seo Yeun Kim/Zhiyao Chen (Belle), Violetta Keller/Miao Miao Liu/Zhiyao Chen/Min Young Kim (L’Esprit de Noël), Johan Pakkanen/Frans Valkama/Juntaro Coste/Jonathan Rodriguez (Bob Cratchit), Jun Xia/Thomas Brun/Luciano Ghidoli/Martin Nudo (Fred), Suomen kansallisbaletti, Suomen kansallisoopperan ja -baletin balettioppilaitoksest
Suomen kansallisoopperan orkesteri, Aku Sorensen (direction musicale)
Anna Fleischle (scénographie, costumes), Mark Henderson (lumières)
(© Opéra et ballet nationaux finlandais)
Créé en 2023 à l’Opéra national d’Helsinki, le ballet Un chant de Noël, adapté de l’ouvrage éponyme de Dickens, fait son retour dans les mêmes lieux pour cette fin d’année. Les plus curieux peuvent d’ores et déjà découvrir ce beau spectacle sur Arte Concert, avant une diffusion télévisée prévue le 26 décembre sur Arte. C’est là une soirée parfaite pour les fêtes, tant la compositrice anglaise Sally Beamish (née en 1956) s’est amusée à faire revivre l’esprit de Noël par une inspiration musicale haute en couleur, sans jamais forcer le trait du lyrisme attendu. Tour à tour lumineuse et scintillante, son orchestration se nourrit des mille et un visages que propose le récit d’apprentissage de Scrooge, en incorporant de multiples danses populaires, savoureuses et variées. Pour autant, elle sait aussi donner un visage plus moderne à son écriture, notamment lors des parties sombres du récit, où la dissonance fait irruption.
Le cahier des charges de ce spectacle ayant manifestement fait le choix de cibler le jeune public, très présent dans la salle, force est de constater que les aspects dramatiques ont été minorés en conséquence, à la fois au niveau visuel et pour le livret. Le chorégraphe David Bintley (né en 1957), dont c’est là la deuxième collaboration avec Sally Beamish après La Tempête en 2016, réduit la présence des esprits à peau de chagrin, préférant centrer l’action sur la famille du collaborateur Bob Cratchit et la miraculeuse guérison du fils chétif. Bintley a la bonne idée de doter le jeune interprète d’une jambe de bois, occasionnant une adorable danse d’entrée avec ses frères et sœurs, entre pirouettes aussi maladroites que malicieuses. On aime aussi la tendre illustration de la valse des souvenirs d’enfance de Scrooge, des Mille et une nuits à Robinson Crusoé, occasionnant quelques brèves musiques exotiques pour l’occasion.
La thématique de l’avarice de Scrooge est peu traitée tout au long du spectacle, alors que ce personnage est aussi célèbre que l’Harpagon de Molière dans les pays anglo‑saxons. Le nom américain de son descendant direct, Picsou, donné par Walt Disney, n’est‑il pas « Uncle Scrooge » ? Bintley et Beamish laissent volontairement de côté les aspects moralisateurs du conte pour lui donner une touche plus légère. Dès lors, l’évolution de Scrooge s’incarne dans l’intérêt et le regard portés aux autres, en un esprit de célébration du bien‑vivre ensemble, propre à la période de Noël. En cela, le but de ce spectacle est atteint, autour d’une interprétation d’une belle homogénéité. On aime aussi la direction lyrique d’Aku Sorensen (né en 1997), qui sait faire vivre chaque épisode d’une narration tour à tour épique et joyeuse. Un spectacle très plaisant, idéal pour profiter des fêtes de fin d’année en famille.
Florent Coudeyrat
|