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Célébrations nationales Helsinki Musiikkitalo, Konserttisali 12/06/2024 - Lara Poe : Kaamos
Olli Mustonen : Concerto pour violon n° 2 « Larin Paraske »
Jean Sibelius : Symphonie n° 1 en mi mineur, opus 39 Elina Vähälä (violon)
Radion sinfoniaorkesteri, Nicholas Collon (direction)
N. Collon (© Chris Christodoulou)
Inaugurée voilà déjà treize ans, la Maison de la musique d’Helsinki a trouvé sa place dans le paysage enchanteur des rives du lac Töölönlahti, aux côtés de l’Académie Sibelius et de l’Opéra. Avec la neige et les couleurs sombres propres à cette saison, le contraste n’en est que plus saisissant avec l’intérieur moderne de la salle principale (1 700 places), dont les proportions et l’élégance évoquent son équivalent à la Maison de la radio et de la musique à Paris. Rien de surprenant, dès lors, à retrouver en ce lieu l’un des concerts les plus attendus de la saison pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance finlandaise, acquise pacifiquement suite à la révolution bolchévique de 1917.
Retransmis à la télévision, le concert est donné à guichets fermés dans une salle immédiatement attentive pour la mise à l’honneur de compositeurs locaux contemporains. On découvre pour débuter la musique de Lara Poe (née en 1993), avec le bref morceau symphonique Kaamos (2020), d’une durée d’environ dix minutes. La jeune compositrice finno‑américaine fait l’étalage de dons de coloriste, en un style abordable et fluide, qui explore des sonorités originales sur tous les groupes d’instruments. Présente dans la salle, la jeune femme reçoit de chaleureux applaudissements, à l’instar d’Olli Mustonen (né en 1967), venu assister à la création mondiale de son Second Concerto pour violon dans la foulée.
Plus connu en France pour ses talents d’interprète (voir notamment à Paris en 2010), Mustonen adopte un langage d’une efficacité narrative bienvenue, qui brosse l’auditeur dans le sens du poil. Volontairement allégé, l’accompagnement orchestral met le plus souvent le violon raffiné et aérien d’Elina Vähälä au premier plan, en imprimant quelques scansions hypnotiques, le plus souvent homophoniques. Les deux derniers mouvements montrent davantage de tourments, avec des confrontations aux phrasés toujours très lisibles.
Après l’entracte, la Première Symphonie (1899) de Sibelius fait entendre des paysages évidemment plus connus, même si Nicholas Collon, chef principal de l’Orchestre de la Radio finlandaise depuis 2021, cherche à innover tout du long avec ses tempi mouvants : souvent cravachées, les parties enlevées trouvent ainsi un contraste éloquent avec les passages plus sereins, sans aucun vibrato. La mise en valeur des contrastes apporte quelques détails étonnants de modernité, portés par un orchestre pour qui l’ouvrage n’a plus de secret. On ne sait plus qui admirer, de la lumineuse clarinette solo aux pupitres de cuivres volontairement abrupts, sans parler des cordes, d’une souplesse admirable. Seuls les tutti trop appuyés, avec un timbalier très sollicité, forcent le trait à l’excès – là où le bis, évidemment Finlandia (1900), trouve davantage d’équilibre pour offrir une digne péroraison au concert.
Florent Coudeyrat
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