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Démodée ???

Paris
Théâtre du Châtelet
11/07/2024 -  et 8, 9, 10, 12 novembre 2024
« Miss Knife »
Olivier Py (chant), Antoni Sykopoulos (piano et chant)
Pierre-André Weitz (costumes)


A. Sykopoulos, O. Py (© Thomas Amouroux)


Le Théâtre du Châtelet présente dans son Grand foyer pour son trentième anniversaire le numéro de cabaret « Miss Knife » de son directeur Olivier Py.


Sacrée trichotomie que cette aventure d’Olivier Py, directeur de théâtre, artiste complet et son avatar Miss Knife, personnage de cabaret travesti créé il y a un peu plus de trente ans au Théâtre du peuple de Bussang. Ce spectacle, qui a beaucoup tourné et évolué depuis sa création, a été repris au cours des directorats successifs d’Olivier Py au Théâtre de l’Odéon et du Festival d’Avignon. Provocation diront les uns, sacré courage pour d’autres (Olivier Py approche de ses 65 ans), il est certain que cette facette d’un artiste aussi complet – auteur, compositeur (de ses chansons), comédien, dramaturge, metteur en scène, poète, personnalité aux engagements politiques tranchés – ne peut que fasciner. « J’étais déjà démodée avant d’avoir commencé » affirme Knife/Py, s’auto‑interviewant en miroir pour le programme de salle. Meilleur moyen d’échapper aux inconvénients du phénomène de mode !


Impeccablement accompagné(e) au piano et parfois au chant par son partenaire de toujours Antoni Sykopoulos, Olivier Py/Miss Knife chante avec une épatante aisance scénique (et beaucoup d’autodérision dans ses interventions entre les chansons), un « métier » à toute épreuve et une voix juste et superbement timbrée dans tous les registres en un peu plus d’une heure, dix‑huit chansons de sa plume pour les paroles et la musique pour certaines. Si la présentation du personnage en petticoat et tutu noir à strass, bas résilles, talons, faux cils, paillettes et perruque blonde puis chapeau claque est cocasse, le contenu du récital est plutôt mélancolique, voire parfois désespéré, mais toujours très poétique. Un rien monotone cependant, tournant autour des amours impossibles et du triste destin du métier d’acteur ; quelques chansons humoristiques pourraient alléger l’ensemble. Le Tango du suicide, humour certes, mais très noir, vient un peu détendre en fin de soirée une atmosphère parfois un peu pesante.


Cependant on est surpris que ce retour, compte tenu de l’ancienneté et l’expérience de ce numéro, n’ait pas été aussi soigné qu’il aurait pu par le directeur de son propre théâtre. Dans sa splendeur Second Empire, le Grand foyer du Châtelet avec ses ors et ses fresques n’a rien de l’ambiance ni de l’intimité d’un cabaret comme pouvait le simuler sans peine la salle du Théâtre de l’Athénée où il fut donné. Une sonorisation bâclée et des éclairages souvent cruels pour l’interprète achevaient cette impression de faux « décalage » pour un spectacle qui aurait gagné à la distanciation de la scène ou d’un lieu plus intime.


Cette réserve étant faite, chapeau l’artiste ! Et merci pour cette heure sentimentale et automnale.



Olivier Brunel

 

 

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