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Label jaune dans la salle dorée

Vienna
Musikverein
10/23/2024 -  et 20, 21 (Reykjavik), 29 (Hamburg), 30 octobre (Berlin), 1er (London), 3 novembre (Paris) 2024
Luciano Berio : Wasserklavier
Franz Schubert : Fantaisie pour piano à quatre mains, D. 940
John Cage : Experiences No. 1
Conlon Nancarrow : Etude n° 6 (arrangement Thomas Adès)
John Adams : Hallelujah Junction
Arvo Pärt : Hymn to a Great City
Serge Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Víkingur Olafsson, Yuja Wang (piano)


V. Ólafsson, Y. Wang (© Ari Magg/Julia Wesely)


Deux stars du « label jaune » réunies dans la salle dorée du Musikverein : est‑ce l’occasion d’un formidable coup marketing ou d’une véritable communion musicale ? Yuja Wang nous avait déjà démontré que son association avec des personnalités a priori opposées pouvait réussir au‑delà de toute attente, par exemple en récital avec le violoniste Leonidas Kavakos. Les deux pianistes s’amusent d’ailleurs eux-mêmes de leurs apparentes différences de styles: ainsi, l’iPad utilisé en guise de partition électronique par Yuja Wang semble systématiquement se mettre en panne à l’approche de Víkingur Olafsson, secondé plus classiquement par un tourneur de pages en chair et en os. Derrière les oppositions, reste cependant un tronc musical commun aux deux interprètes, qui excellent chacun dans les compositions du XXe siècle, une caractéristique bien heureusement reflétée dans le programme de cette tournée européenne.


Les œuvres modernes sont toutes magnifiquement interprétées : les atmosphères contemplatives des pièces de Berio, Cage et Pärt sont rendues avec délicatesse et précision, les musiciens faisant preuve d’une écoute mutuelle superlative. Les complexités rythmiques de l’étude de Nancarrow sont dominées avec une rigueur enrichie d’une aisance ludique. L’Hallelujah Junction de John Adams constitue sans conteste le sommet du programme, la remarquable endurance des interprètes tout au long de cet intense quart d’heure de musique leur permettant d’atteindre un état de transe comparable à celui de deux improvisateurs de jazz. Le jeu perlé et transparent de la pianiste chinoise, agrémenté d’accents exquis, complète parfaitement celui, plus sobre et au fond des touches, d’un Víkingur Olafsson qui révèle d’inattendus talents jazzy.


Les Danses symphoniques de Rachmaninov, plus dansantes que vénéneuses et d’une spontanéité émotive qui prend souvent le pas sur une construction rationnelle, révèlent davantage les contrastes stylistiques des interprètes. Yuja Wang prend l’initiative avec assurance, tranchante dans ses élans romantiques, tandis qu’Olafsson adopte une approche posée, plus restreint dans son expression. Passons brièvement sur une Fantaisie de Schubert interprétée bizarrement sur deux pianos plutôt qu’à quatre mains, une sorte de succédané romantisant inoffensif et mal identifié, sans queue ni tête.


Une série de bis conclut le récital, proche à vrai dire d’une séance de lecture à vue, qui vaut plus par l’humour potache que par une profondeur interprétative, offrant au public une fenêtre sur l’alchimie naissante entre ces deux artistes. Ce récital à la fois fascinant et inégal, oscillant entre un John Adams épique et un Schubert sans grand éclat, laisse entrevoir une continuation de tournée prometteuse.



Dimitri Finker

 

 

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