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Les petits Mozart Vienna Konzerthaus 10/12/2024 - et 11 (Bremen), 13 (Wien) octobre 2024 Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonies n° 25, K. 173dB [183], et n° 40, K. 550
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 5, opus 73 Jan Lisiecki (piano)
Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Tarmo Peltokoski (direction)
J. Lisiecki (© Christoph Koestlin)
Un programme classique, parfaitement équilibré – deux symphonies en sol mineur encadrant un concerto en mi bémol majeur – permettait au public de découvrir Tarmo Peltokoski, le jeune chef finlandais du moment, lors de sa première apparition au Konzerthaus de Vienne.
La « petite » symphonie en sol mineur de Mozart est abordée avec une vivacité qui frôle parfois les limites de l’intelligibilité acoustique de la salle, révélant l’inventivité constante d’un chef toujours prêt à creuser un détail, à souligner un phrasé ou à varier les répétitions d’un ornement inattendu. Ce fourmillement d’idées reste le plus souvent remarquablement naturel et s’inscrit au service d’une ligne architecturale sobre et parfaitement dessinée.
La Quarantième Symphonie de Mozart, en seconde partie, était certainement l’indiscutable réussite de la soirée ; après un premier thème plus chantant que fiévreux, les développements s’enrichissent progressivement d’une succession de dramaturgies poignantes. Le lyrisme de l’Andante, en constante transformation, se superpose à un flux dramatique affleurant, tel une menace sur le point d’éclater. Le finale, entamé comme une aimable badinerie, escalade rapidement en une série de modulations vertigineuses. Cette juxtaposition de contrastes dramatiques sous une apparente désinvolture, cet opéra qui se niche dans chaque recoin de la partition, n’est‑ce au fond pas la pure essence mozartienne ?
Le concerto de Beethoven offre une réussite plus nuancée. L’entente avec le pianiste Jan Lisiecki est parfaite, au point qu’il est difficile de percevoir lequel des deux dirige l’autre. Après un premier mouvement sensationnel – musculaire, svelte, détaillé – que le pianiste accentue avec finesse (quelle main gauche !), l’irriguant d’occasionnelles accélérations soudaines, l’Adagio un poco mosso semble en comparaison ne jamais complètement trouver ses marques. Un tempo un peu rapide gâche dans une certain mesure la transition vers le rondo, lequel, pris à toute allure, s’éloigne de la conception initiale du concerto, se parant d’une brillance mendelssohnienne prétexte à toute série de trouvailles inventives et bigarrées.
La Philharmonie de chambre allemande de Brême est comme d’habitude un partenaire de choix qui suit avec enthousiasme les expérimentations de son chef invité, offrant l’équilibre idéal dans ce répertoire entre grain individuel et fondu de la masse.
Dimitri Finker
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