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Presque totalement anglais Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 09/29/2024 - et 28 septembre 2024 (Hasselt) Wolfgang Amadeus Mozart : Adagio et Fugue, K. 546
Benjamin Britten : Sérénade pour ténor, cor et orchestre, opus 31
Edward Elgar : Variations « Enigma », opus 36 Ian Bostridge (ténor), Félix Dervaux (cor)
Belgian National Orchestra, Roberto González-Monjas (direction)
R. González-Monjas (© Marco Borggreve)
Ce dimanche, l’Orchestre national de Belgique avait déjà bien entamé sa nouvelle saison avec un concert, le vendredi 13 septembre, sous la conduite de son chef principal, Antony Hermus. Au tour, cet après‑midi, de son premier chef invité permanent, Roberto González‑Monjas, de diriger cette formation, pour un concert au programme presque entièrement anglais. Presque, en effet, car le concert débute avec une pièce pour cordes de Mozart, l’Adagio et Fugue (1788). L’exécution rappelle la manière de jouer avant l’émergence des pratiques historiquement informées. Cette musique, qui renvoie à l’écriture de Bach, sonne avec clarté et fermeté, mais aussi avec une certaine épaisseur, voire avec lourdeur. Il s’agit plutôt d’une entrée en matière permettant aux cordes de s’échauffer et de s’ajuster. Ces dernières produisent un son dense sous la conduite du chef, attentif à la portée expressive de cette composition. Il existe, néanmoins, dans le répertoire britannique de belles pièces pour orchestre à cordes. Le choix de l’une d’elles, comme la Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis de Vaughan Williams ou l’Introduction et Allegro d’Elgar, aurait conféré davantage de cohérence au programme.
La Sérénade pour ténor, cor et orchestre (1943) de Britten complète la première partie, avec la contribution d’Ian Bostridge. Le chanteur délivre une interprétation emplie de distinction, intensément habitée, pénétrant au cœur du texte, grâce à une diction précise et à une intonation ferme, mordante, même. Le phrasé suscite l’admiration, par sa tenue et sa précision, et la voix, assez vigoureusement projetée, attire l’attention par sa clarté. Félix Dervaux aurait mérité une notice dans le programme, compte tenu de l’excellence de ce musicien, mais aussi de l’importance de sa partie, conçue pour Dennis Brain, laquelle contient de redoutables passages, notamment à découvert. Le jeu précis et agile, et toujours d’une expression juste, de ce corniste suscite l’admiration, et même la fascination. Une belle et forte interprétation, chaleureusement reçue et applaudie par le public. Grâce à sa direction attentive et inspirée, le chef obtient des cordes un jeu minutieux et une sonorité remarquable.
Les autres musiciens rejoignent les cordes en seconde partie pour les Variations « Enigma » (1899). Les tempi paraissent bien équilibrés, sans déplaisante impression d’alanguissement ou de précipitation, ce qui conduit à des moments vigoureux, vifs, légers, puissants ou encore intenses. Cette partition valorise assez bien le potentiel d’un orchestre symphonique, et la performance sous la direction d’un chef décidément compétent et concerné permet, grâce à la précision de la mise en place, d’apprécier la sonorité et la justesse des différents pupitres. Cette interprétation de qualité, sur le fond comme sur la forme, restitue admirablement le caractère majestueux et l’essence britannique de cette œuvre d’Elgar.
Le site du Belgian National Orchestra
Sébastien Foucart
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