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Magnificat ! Paris Philharmonie 09/18/2024 - et 20 (Antwerpen), 22 (Versailles) septembre 2024 Claudio Monteverdi : Vespro della Beata Vergine da concerto composta sopra canti fermi, SV 206 Céline Scheen, Perrine Devillers (sopranos), Zachary Wilder, Robin Tritschler, Antonin Rondepierre (ténors), Nicolas Brooymans, Etienne Bazola, Renaud Brès (basses)
Pygmalion, Raphaël Pichon (direction)
Bertrand Couderc (lumières)
R. Pichon (© Antoine Benoît-Godet/Cheeese)
Ces Vêpres de la Vierge bienheureuse de Monteverdi sont, avec la Passion selon saint Matthieu de Bach, le chef‑d’œuvre de la musique religieuse de l’époque baroque que Raphaël Pichon a le mieux réussies, tant au concert qu’au studio, avec son ensemble Pygmalion et des solistes souvent exceptionnels.
Après les représentations versaillaises de 2019 (dont il existe un enregistrement sur DVD), un enregistrement de studio de 2022 et une tournée dans les grandes capitales européennes, revoici ces Vêpres avec une distribution différente dans la grande salle de la Philharmonie de Paris avec le concours de l’éclairagiste Bertrand Couderc et un sous‑titrage qui met en regard de la musique un texte souvent grandiloquent.
Comme l’avait fait John Eliot Gardiner dans son enregistrement vidéo légendaire filmé en 1989 en la basilique San Marco de Venise avec les Solistes baroques anglais et le Chœur Monteverdi (Archiv Produktion), Raphaël Pichon spatialise la représentation, chose possible dans la grande salle de la porte de Pantin avec des solistes et des musiciens se déplaçant dans les balcons, des effets d’écho et des voix semblant surgir du ciel, et même à la fin de l’œuvre, pour le sublime « Ave maris stella », une relocalisation d’une partie du chœur et de son chef dans les coursives d’entrée du parterre. Les éclairages très raffinés et sans excès de Bernard Couderc, avec des dégradés de lumière, des focus sur certains solistes vocaux ou musiciens, ajoutent une dimension spectaculaire au concert en faisant une expérience quasi mystique.
L’équipe vocale, un peu moins solide que celle l’ayant précédée, notamment dans l’enregistrement, comporte cependant d’excellents solistes comme les deux ténors Robin Trischler et Zachary Wilder, particulièrement dans le « Duo seraphim » avec la basse Nicolas Brooymans. Le chœur Pygmalion est superlatif tout comme l’ensemble instrumental et le continuo, qui obéissent aux moindres inflexions du chef. De fait, Raphaël Pichon déploie une énergie spectaculaire pour obtenir un résultat tellement serein et parfait. Deux heures de musique quasiment hypnotisante et un énorme succès public.
Olivier Brunel
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