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Marseille
Opéra
09/26/2024 -  et 29 septembre, 1er, 3 octobre 2024
Vincenzo Bellini : Norma
Karine Deshayes (Norma), Salome Jicia (Adalgisa), Laurence Janot (Clotilda), Enea Scala (Pollione), Patrick Bolleire (Oroveso), Marc Larcher (Flavio), Valentin Fruitier (Grand cerf)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Florent Mayet (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Michele Spotti (direction musicale)
Anne Delbée (mise en scène), Emilie Delbée (collaboratrice artistique), Abel Orain (décor), Vincent Lievore, Augustin Frison‑Roche (sculptures), Mine Vergez (costumes), Vinicio Cheli (lumières)


K. Deshayes (© Christian Dresse)


Quand cette production de Norma a été présentée au Capitole de Toulouse en 2019, la mise en scène d’Anne Delbée (cette dernière décrite comme une « grande racinienne », ah bon ?) a reçu un accueil mitigé. Elle arrive à Marseille pour quatre représentations où l’accueil d’une partie du public est d’une hostilité déplacée. Il est vrai que Delbée fait le choix du grand spectacle, hélas encombré de nombreux détails, parfois agaçants, et souvent inutiles : ce bouquet de roses rouges, notamment, ou encore la quasi‑omniprésence de ce cerf humanoïde qui, nous expliquent les notes du programme, est censé incarner un dieu celte, « signe d’un destin tels que les Druides le prophétisaient à travers la métempsychose ». Nous voilà rassurés. Bien positionné quand il est sur scène, le chœur fait néanmoins des sorties brouillonnes et les solistes sont parfois abandonnés à leurs gestes convenus. Quelques bonnes idées, ici et là, notamment les projections des enfants de Norma à différentes étapes de leur croissance, donnant ainsi une idée du temps qui a passé entre deux scènes. Le décor d’Abel Orain, est attractif grâce à ses lignes géométriques, sobres jusqu’à l’épurement. Un autel, vaste dalle de marbre noir aux multiples fonctions, est placé au centre de la scène où vont s’accomplir les rites sacerdotaux druidiques, et les enlacements. Le tout baigné des lumières dramatiques de Vinicio Cheli. Les costumes de Mine Vergez sont intemporels, somptueux ou discrets.


Le maestro Michele Spotti semble très aimé du public marseillais. Il choisit d’emblée le fracas des cuivres aux puissants décibels, qu’il exige également du chœur sous la direction prometteuse de son nouveau chef, Florent Mayet.


Le plateau vocal est excellent. Karine Deshayes est une belcantiste accomplie. Sa Norma fera sans doute date dans l’histoire de ce rôle. Ici, point de tricherie: tout y est : trilles ciselés, pianissimos aériens, fortissimos claironnants, le tout dans une présentation sculpturale de la Druidesse coupable. On pourrait presque en dire autant du ténor Enea Scala : voix surpuissante, décoiffante même, aux aigus acérés, n’était‑ce au détriment d’une ligne de chant parfois rugueuse qui gagnerait à être lissée. Mais avec Spotti à la barre, il faut se faire entendre dans la houle. C’est réussi.


Salome Jicia est une Adalgisa qui n’a pas à rougir face à Karine Deshayes. Les duos avec Norma sont impeccables de justesse et les deux font une paire de très haut niveau. Laurence Janot est une Clotilde idéale au joli timbre de voix, tandis que Patrick Bolleire en Oroveso chante un « Guerrieri, a voi venire » de belle facture. Marc Larcher (Flavio) complète honorablement la distribution.


La saison 2024-2025 est brillamment lancée à l’Opéra de Marseille.



Christian Dalzon

 

 

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