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Puccini, Netrebko et Eyvazov inaugurent la saison du Teatro Real

Madrid
Teatro Real
09/05/2024 -  
Giacomo Puccini : Turandot : « Popolo di Pekino... Dal deserto al mar » [6], « In questa reggia » [1], « Non piangere, Liú » [2, 3, 4, 5, 6, 7], « Sei pallido, straniero! » [1], « Tu che di gel sei cinta » [2] & « Diecimila anni al nostro Imperatore! » [1] – Manon Lescaut : Intermezzo, « Sola perduta, abbandonata » [1], « Donna non vidi mai » [3] & « Tu, tu, amore? Tu? » [1, 3] – La bohème : « Sa dirmi, scusi, qual’è l’osteria... Mimi! » [1, 2, 3, 6] – Edgar : « Questo amor, vergogna mia » [6] – Tosca : « Vissi d’arte » [1] & « Recondita armonia » [3] – Madama Butterfly : Coro a bocca chiusa & « Vogliatemi bene » [1, 3]
Anna Netrebko [1], Daria Rybak [2] (sopranos), Yusif Eyvazov [3], Mikeldi Atxalandabaso [4], Pablo García‑López [5] (ténors), Jérôme Boutillier [6] (baryton), Cristian Díaz [7] (basse)
Coro Titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), José Luis Basso (chef de chœur), Coro RTVE, Marc Korovitch (chef de chœur), Orquesta Titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Denis Vlasenko (direction)


Y. Eyvazov, A. Netrebko (© Javier del Real/Teatro Real)


Avant le premier opéra de la saison, Adriana Lecouvreur, le Teatro Real a programmé deux grands concerts avec des solistes : Anna Netrebko 5 septembre et Juan Diego Flórez le 12 septembre.


D’abord, le concert du 5 septembre. Peut‑on dire qu’il s’agissait d’un concert marquant l’inauguration de la saison 2024‑2025 au Teatro Real de Madrid ? Deux noms surtout, Puccini et Anna Netrebko. Scènes, ensembles, duos et arie extraits de plusieurs opéras. Netrebko en vedette, mais avec des solistes pour les scènes et ensembles, et des moments qui leur étaient réservés pendant que la diva ne chantait pas. Un chœur et un orchestre formidables pour une soirée de chant, mais aussi de théâtre. Ce n’était donc pas du tout le concert typique avec seulement la diva à l’affiche.


La première partie était consacrée à de larges extraits de Turandot et à deux pages de Manon Lescaut. Formidable Netrebko en terrible princesse, mais ce n’est pas un des rôles qui lui réussit le mieux ; excellente en Manon, nuancée dans l’équilibre du chant et la construction du personnage.


En seconde partie, la scène du troisième acte de La Bohème a été un des moments les plus réussis par sa vérité vocale, une situation où Netrebko (Mimì) était un personnage absent, et la progression dramatique mène au point culminant où elle et Eyvazov excellent comme couple artistique à un un moment déterminant dans leur vie, comme je l’ai appris plus tard.


Les extraits de Tosca ont également été des grands moments de cette belle soirée : le succès d’Eyvazov dans « Recondita armonia », le beau duo des héros et... « Vissi d’arte ». Avec « Vissi d’arte » (legato, pianissimo, filato...), Netrebko a mis dans sa poche un public déjà dévoué – depuis le début, sans aucun doute. Netrebko a fait une démonstration de fiato étonnante, voire exagérée. Le son infini d’une seule note frise l’incroyable et constitue l’une des plus grandes ruses pour séduire complètement le public. Rusé ? Il faut avoir de la technique, cet art, pour maintenir une note d’une manière exceptionnelle. Dans ce cas, d’ailleurs, le cor de l’orchestre l’accompagnait avec rigueur et aussi un grand fiato.


Apparemment, il y avait une attraction secrète lors de ce gala. J’avoue ma naïveté ou mon défaut d’information : Netrebko et Eyvazov ne sont plus ensemble ! Ils ne sont plus en couple, et pourtant ils chantent des duos d’amour pour des besoins artistiques. Alors, il était important pour certains de voir s’ils étaient gênés sur scène. Je le répète : je ne savais pas, et je n’ai rien remarqué de particulier, sinon qu’ils réussissaient à merveille des duos comme ceux de Manon Lescaut, La Bohème et Tosca. Pas de gêne, une camaraderie au‑delà des racontars. Un détail délicat de la part de Netrebko : son bis a été ce petit bijou de deux minutes de Gianni Schicchi, « O mio babbino caro », mais le bis final a été pour Eyvazov, nul autre que « Nessun dorma », une aria de bravoure pour un ténor, un morceau redoutable par la tradition qui s’y attache.


Il faut souligner les autres chanteurs qui ont contribué à ce spectacle lyrico-dramatique. Jérôme Boutillier a chanté l’air de l’opéra Edgar, « Questo amor, vergogna mia », d’une manière belle et exemplaire, donnant de l’importance à ce premier opéra de Puccini, son œuvre la moins connue. Boutillier a également chanté immédiatement après la scène de La Bohème, dans le rôle de Marcello. Très bon niveau vocal de Daria Rybak dans le beau rôle de Liù, et elle était aussi dans la scène de La Bohème.


Denis Vlasenko, chef russe encore jeune, a assuré un accompagnement vigoureux et exemplaire, conscient que le chœur renforcé et l’orchestre étaient là avant tout pour accompagner les voix, même si la théâtralité de ce spectacle nécessitait aussi l’inspiration dramatique de ce splendide musicien. Vlasenko a fait plusieurs répétitions avec les ensembles et les solistes. Ce n’était pas un concert pour diva préparé à la hâte.


Un succès artistique, mais aussi « social ». Un beau début de saison.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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