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Mystères de la pénitence Vézelay Basilique Sainte-Marie-Madeleine 08/23/2024 - et 3 novembre 2024 (Lochem), 1er, 2 février 2025 (Amsterdam) Roland de Lassus : Psalmi Davidis pœnitentiales : Primus Psalmus pœnitentialis, Tertius Psalmus pœnitentialis & Secundus Psalmus pœnitentialis
Arvo Pärt : Kanon Pokajanen : « Ode I », « Ode VI », « Kondakion », « Ikos » & « Prayer after the Canon » Cappella Amsterdam, Daniel Reuss (direction)
D. Reuss (© Vincent Arbelet)
Parmi la multitude de festivals organisés tout l’été, les Rencontres musicales de Vézelay restent l’un des plus attachants, en faisant vivre la ville de pèlerinage et ses environs d’une activité intense pendant quatre jours, autour d’un public venu en nombre. Chacun peut y trouver son compte, de l’ambiance plus décontractée et familiale des concerts gratuits derrière la Basilique aux programmes ambitieux donnés dans plusieurs églises des environs, dont Vézelay (et tous précédés d’une présentation gratuite par un musicologue).
Après le faste des Vêpres de Monteverdi données la veille par un Leonardo García Alarcón imaginatif et haut en couleur, le contraste n’en est que plus saisissant avec le programme plus austère du lendemain : on est loin de la foi joyeuse et solaire de Monteverdi, tant cette soirée dédiée à la pénitence, de Roland de Lassus (1532‑1594) à Arvo Pärt (né en 1935) nous plonge dans un monde d’épure et de légèreté diaphane, tout en sensibilité. La musique de Lassus fascine par sa répétition hypnotique des mêmes motifs entrecroisés par les solistes, sans parvenir, toutefois, à éviter une sensation de sur place par endroits. L’atmosphère de renoncement est également présente chez Pärt, en une même veine sombre et éloignée de ses partitions plus extraverties. La délicatesse soyeuse des lignes séduit peu à peu, et ce d’autant plus qu’elle parvient à faire oublier un texte au moralisme sévère et bien peu subtil.
La première partie du concert se conclut dans le bourdonnement à l’unisson des graves, d’une précision inouïe à l’image du reste des pupitres. Cette application millimétrée à faire corps, comme un seul être, impressionne tout du long par son sérieux et son attention aux équilibres. Il ne faut pas attendre ici de grains de folie dans cette interprétation d’une perfection formelle fascinante mais sans surprises. En fin de soirée, les vingt‑quatre chanteurs se concertent avec le chef Daniel Reuss pour offrir un bis au public : un parfum d’improvisation surprenant pour satisfaire une dernière fois le chaleureux public de Vézelay, manifestement prêt à pénétrer plus avant les mystères de la pénitence.
Florent Coudeyrat
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