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Sous les pavés, la vie de bohème

Macerata
Arena Sferisterio
07/27/2024 -  et 2, 7, 11* août 2024
Giacomo Puccini : La bohème
Valerio Borgioni (Rodolfo), Mario Cassi (Marcello), Vincenzo Nizzardo (Schaunard), Riccardo Fassi (Colline), Francesco Pittari (Benoît), Giacomo Medici (Alcindoro), Mariangela Sicilia (Mimì), Daniela Cappiello (Musetta), Alessandro Pucci (Parpignol), Davide Filipponi (Un sergente di doganieri), Gianni Paci (Un doganiere), Andrea Ferranti (Un venditore)
Coro Lirico Marchigiano « Vincenzo Bellini », Martino Faggiani (préparation), Pueri Cantores « D. Zamberletti », Gian Luca Paolucci (préparation), FORM‑Orchestra Filarmonica Marchigiana, Valerio Galli (direction musicale)
Leo Muscato (mise en scène), Alessandra De Angelis (reprise de la mise en scène), Federica Parolini (décors), Silvia Aymonino (costumes), Alessandro Verazzi (lumières), Ludovico Gobbi (reprise des lumières)


(© Luna Simoncini)


La Bohème vient de mettre un terme en beauté à l’édition 2024 du Festival d’opéra de Macerata (Macerata Opera Festival, MOF), dans une reprise d’une production particulièrement originale du point de vue scénique. Partant de l’idée que Puccini a voulu situer son opéra dans le Paris des années 1830, une période faite de tensions politiques et de barricades, Leo Muscato a choisi de transposer l’action en plein Mai 68, ce qui nous vaut un troisième acte avec force CRS munis de casques, de matraques et de boucliers, qui tentent de contenir la foule. Sur l’immense mur de l’Arena Sferisterio sont affichés les slogans qui avaient fait florès à l’époque : « il est interdit d’interdire », « rêve général », « la lutte continue, ce n’est qu’un début »... La barrière d’Enfer devient ici une fonderie qui rejette des fumées toxiques, d’où la maladie de Mimì. Les « bohémiens » ont pris, eux aussi, un sacré coup de jeune, avec leurs vêtements colorés et leur look « hippie » ; Schaunard apparaît même en sosie de Frank Zappa, toujours accompagné de sa guitare électrique. Au premier acte, la mansarde, à laquelle on accède par une trappe, est particulièrement animée et bariolée, remplie de meubles et d’objets de toutes sortes, on y respire pleinement la jeunesse. Le deuxième acte, celui du café Momus, avec son immense enseigne zébrée en noir‑blanc, est impressionnant avec ses très nombreux figurants éparpillés sur le vaste plateau ; on a presque l’impression d’assister à une comédie musicale.


La distribution vocale est composée de jeunes chanteurs italiens qui sont aussi d’excellents acteurs et qui donnent vie à ce spectacle particulièrement animé. Elle est emmenée par la Mimì superlative de Mariangela Sicilia, qui émerveille par ses pianissimi incandescents, son chant raffiné, sa musicalité et son art des nuances, autant de détails qui ne se perdent pas dans l’excellente acoustique du Sferisterio, quand bien même il s’agit de plein air. Son Rodolfo, Valerio Borgioni, séduit, lui, par ses accents passionnés, sa fougue et sa prestance, même si les aigus paraissent parfois un peu forcés. Le Marcello de Mario Cassi se distingue par son chant homogène et son legato, alors que la Musetta de Daniela Cappiello, à la voix cristalline, ne tombe jamais dans la vulgarité et se montre particulièrement émouvante au dernier acte, au chevet de Mimì. En Colline, Riccardo Fassi cisèle son air du dernier acte (« Vecchia zimarra ») avec intensité et émotion. A la tête de l’Orchestre philharmonique des Marches, Valerio Galli propose une interprétation sobre et retenue de la partition de Puccini, sans jamais tomber dans l’emphase et le mauvais goût. Ovations pour tous les protagonistes à la fin du spectacle.



Claudio Poloni

 

 

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