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Saint-Céré

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Tosca de voyage

Saint-Céré
Prudhomat (Château de Castelnau-Bretenoux)
08/05/2024 -  et 10, 11 (Compiègne), 14 (Maisons-Alfort), 25 (Saint‑Dizier) novembre, 9, 10 décembre (Reims) 2023, 28 mars (Le Perreux-sur-Marne), 4 avril (Rungis), 7*, 8 août (Prudhomat) 2024
Giacomo Puccini : Tosca (adaptation Benoit Coutris et Fabien Waksman)
Axelle Fanyo (Tosca), Joel Montero (Mario), Christian Helmer (Scarpia), Adrien Fournaison (Angelotti), Etienne de Bénazé (Spoletta), Mathieu Gourlet (Il sagrestano, Sciarrone)
Les Métaboles, Les Frivolités parisiennes, Alexandra Cravero (direction musicale)
Florent Siaud (mise en scène), Romain Fabre (scénographie), Nicolas Descoteaux (lumières), Eric Maniengui (vidéo), Jean-Daniel Vuillermoz (costumes)




Pour sa quarante‑quatrième édition, du 29 juillet au 10 août, le Festival de Saint‑Céré propose, dans plusieurs communes du Lot et jusque dans la Corrèze voisine, des concerts (Nathanaël Gouin, Eva Zavaro, Trio Arnold, ensembles Les Apaches et Esquisses), de la chanson française (Albane Carrère en Barbara, Romain Dayez en crooner), un ciné‑concert (La Fête sauvage) et un spectacle plus particulièrement destiné au jeune public (Le Petit Prince de Dupin). Mais l’ADN de la manifestation demeure bien sûr l’opéra avec « Où je vais la nuit », très libre adaptation d’Orphée et Eurydice de Gluck, et Tosca, pour trois représentations dans le cadre toujours unique de la cour du château de Castelnau.


A vrai dire, cette Tosca est, elle aussi, adaptée. Comme de coutume à Saint‑Céré, l’orchestre a été réduit (cinq bois, quatre cuivres, quintette à cordes, harpe et percussions), travail réalisé par Benoit Coutris. En outre, afin que l’opéra voyage plus facilement, ce qu’il a fait en France durant la saison passée, le compositeur Fabien Waksman a procédé à des coupures – la durée est ramenée à 100 minutes, sans entracte – tandis que le chœur – en l’occurrence Les Métaboles – a été préenregistré. Il en résulte inévitablement des regrets et frustrations – le Te Deum conclusif du premier acte, par exemple – mais on peut aussi y trouver un profit, comme dans La Tragédie de Carmen présentée l’an dernier : le resserrement de l’action et du drame autour des trois personnages principaux.



A. Fanyo, C. Helmer (© Nicolas Descoteaux)


Car c’est également Florent Siaud qui a conçu le spectacle, où l’on retrouve une dominante rouge, et même pourpre, durant les trois actes, autour d’un décor unique, dont seule la partie supérieure change afin d’évoquer successivement l’église, le palais et le château, de quelques accessoires, qui permettent d’évoquer plus précisément ces différents lieux (prie‑Dieu, billard, cercueil), et de projections sur les murs, notamment d’horloges. Les costumes de Jean‑Daniel Vuillermoz évoquent une dictature latine peuplée de sbires et nervis, dans les années 1960 – c’est sur un poste de télévision qu’est diffusé le concert donné par Tosca au début du deuxième acte. Si le parti pris du metteur en scène justifie sans doute que l’héroïne se dispense de l’étrange cérémonial des bougies et du crucifix à la fin du deuxième acte, on comprend mal que l’exécution du chevalier au troisième acte soit confiée à une triplette de pénitents.


Ce n’est pas cette production qui contredira le postulat selon lequel le caractère le plus intéressant est celui de Scarpia, d’autant que sa psychologie est abordée de façon bien moins sommaire qu’à l’accoutumée : le chef de la police, pour une fois jeune et élancé plutôt que libidineux bedonnant, n’est pas dénué sinon de scrupules du moins de tourments et l’absence certes regrettable de chœur et de figurants dans le Te Deum a au moins le mérite de faire apparaître sa solitude de façon saisissante. Cela fonctionne d’autant mieux que Christian Helmer offre, en plus d’une prestation vocale de premier ordre, une incarnation dramatiquement très convaincante. C’est moins le cas de ses deux victimes, probablement aussi moins valorisées par la mise en scène et dont le jeu semble plus convenu. Cela n’empêche pas Axelle Fanyo de briller et d’émouvoir en Tosca, sans artifices inutiles, avec une belle solidité sur l’ensemble de la tessiture. A défaut d’une prestance éclatante, le Mario de Joel Montero soigne le phrasé, a de l’aisance dans les graves et ses aigus sont sûrs. Parmi les comprimari, la composition d’Etienne de Bénazé en Spoletta mielleux et ricanant fait froid dans le dos. Plus intense que nuancée, la direction d’Alexandra Cravero ne manque ni d’efficacité ni de générosité mais malgré la parcimonie de l’effectif instrumental, l’équilibre avec le plateau n’est pas toujours assuré, l’orchestre ne faisant ainsi qu’une bouchée du malheureux Adrien Fournaison en Angelotti.


Cette Tosca sinon de poche, du moins de format réduit a séduit le public saint‑céréen : l’essentiel est bien là, à savoir, loin, voire très loin de toute maison d’opéra, apporter au plus grand nombre dans les meilleures conditions possibles un chef‑d’œuvre de Puccini en cette année où l’on célèbre le centenaire de sa disparition.


Le site du Festival de Saint‑Céré
Le site d’Alexandra Cravero
Le site d’Axelle Fanyo
Le site de Joel Montero
Le site d’Etienne de Bénazé
Le site des Frivolités parisiennes



Simon Corley

 

 

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