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L’opéra en plein air Geneva Nyon (Paléo Festival) 07/28/2024 - Airs d’opéras de Jules Massenet, Wolfgang Amadeus Mozart, Vincenzo Bellini, Giuseppe Verdi, Georges Bizet, Franz Lehár, Charles Gounod, Gioachino Rossini et Giacomo Puccini Diana Lamar (soprano), Marina Viotti (mezzo-soprano), Roberto Alagna (ténor), Ruben Amoretti (basse)
Chœur du Paléo Festival, Pascal Mayer (préparation), Sinfonietta de Lausanne, Giorgio Crocci (direction)
Plus grande manifestation musicale de l’été en Suisse romande, le Paléo Festival est une véritable institution. Sur la plaine de l’Asse à Nyon, plus ou moins à mi‑distance de Genève et de Lausanne, il attire chaque année, en six jours de concerts, quelque 250 000 personnes qui viennent écouter leurs artistes préférés sur sept scènes différentes. L’éventail est très large, tous les styles musicaux, ou presque, sont représentés, ainsi que les arts du cirque et de la rue. La musique classique y a sa place depuis plusieurs années déjà, avec, traditionnellement, un concert le dimanche après‑midi, dernier jour du festival. Pour l’édition 2024, les organisateurs ont mis sur pied un concert d’airs d’opéras, une première. Intitulé « Roberto Alagna & Friends », il a été suivi, sous un soleil de plomb, par près de 20 000 personnes, dont la plupart n’étaient pas des familiers des salles d’opéra. Voilà une bien belle initiative pour débarrasser l’art lyrique des étiquettes qui lui collent encore trop souvent à la peau, lui qui est réputé élitaire et élitiste. Il ne reste plus qu’à espérer que le concert donnera envie à certains de franchir les portes d’un théâtre lyrique cet automne, lorsque débutera la nouvelle saison d’opéra.
(© Paléo/Anne Colliard)
Sur la grande scène du Paléo Festival, Roberto Alagna était entouré de la soprano Diana Lamar, de la mezzo‑soprano Marina Viotti et de la basse Ruben Amoretti. Très en voix, le célèbre ténor a émerveillé le public avec un « Nessun dorma » aux aigus puissants et rayonnants. Ruben Amoretti a, lui aussi, conquis les suffrages avec l’air d’Escamillo tiré de Carmen, un « tube » qui fait toujours son effet. Diana Lamar est entrée en scène avec « Casta diva », un choix plutôt téméraire quand on sait qu’il s’agit d’un des airs les plus périlleux de tout le répertoire lyrique. Malgré des vocalises pas toujours bien assurées et des soucis d’intonation, la chanteuse a conquis les spectateurs par sa voix cristalline. Le Chœur du festival a, pour sa part, fait chavirer le public avec le célèbre « Va pensiero » de Nabucco. On sera plus circonspect, par contre, sur le choix d’autres airs, qui ne convenaient pas forcément à ce genre de manifestation, par exemple « Au fond du temple saint » des Pêcheurs de perles, quand bien même le duo est magnifique musicalement, mais peu adapté ici. Pour terminer le concert, les quatre chanteurs ont entonné « Funiculì, Funiculà », une chanson napolitaine particulièrement exubérante et rythmée, sous les acclamations d’un public visiblement aux anges.
La seule qui aura véritablement tiré son épingle du jeu aura été Marina Viotti, laquelle a fait sensation deux jours auparavant en chantant « L’amour est un oiseau rebelle » accompagnée par le groupe de heavy metal Gojira lors de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques. La mezzo‑soprano est entrée sur scène comme une véritable rock star, lançant un tonitruant « Bonjour Paléo ! Ca va ? », puis n’a jamais cessé de dialoguer avec le public. Seul Ruben Amoretti a fini par suivre son exemple. Comme les spectateurs n’avaient pas de programme, Marina Viotti a pris soin, avant chaque morceau, d’expliquer en quelques mots ce qu’elle allait chanter, pour le plus grand plaisir de tous les néophytes présents. Sur « Una voce poco fa » du Barbier de Séville, elle a pris un malin plaisir à varier les vocalises, et sur « Là ci darem la mano » de Don Giovanni, en duo avec Ruben Amoretti, elle a fait preuve d’un raffinement qui n’était pas sans rappeler Teresa Berganza. Comme quoi, plein air peut parfaitement être synonyme de musicalité et de finesse.
Le site du Paléo Festival Claudio Poloni
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