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Autour du hautbois Normandie Deauville (Salle Elie de Brignac‑Arqana) 08/02/2024 - Francis Poulenc : Sonate pour hautbois et piano, FP 185
Robert Schumann : Romances pour hautbois et piano, opus 94
Bohuslav Martinů : Quatuor pour hautbois, violon, violoncelle et piano, H. 315 [*]
Wolfgang Amadeus Mozart : Quintette à cordes n° 4 en sol mineur, K. 516 Gabriel Pidoux (hautbois), David Moreau [*], Emmanuel Coppey, Vassily Chmykov (violon), Manuel Vioque-Judde (alto), Stéphanie Huang (violoncelle), Gabriel Durliat, Arthur Hinnewinkel [*] (piano)
Le troisième concert du vingt-troisième Août musical deauvillais s’est donné devant un public bien peu nombreux nonobstant la publicité qui en était faite partout en ville, sur les planches et dans la presse, la période touristique qui bat son plein, l’absence de concurrence musicale et l’importance de la population environnante. Le programme, qui n’était à vrai dire pas fait pour attirer les foules, ne devait sans doute pas faire le poids face aux jeux Olympiques et la finale de Teddy Riner...
Il débute par la Sonate pour hautbois et piano (1962) de Francis Poulenc (1899‑1963), une des dernières œuvres de son auteur, dédiée à Sergueï Prokofiev, ami décédé près de dix ans auparavant. En l’absence exceptionnelle d’Yves Petit de Voize pour raison de santé, c’est le hautboïste Gabriel Pidoux qui la présente avec autant de simplicité que d’humour, rappelant que la Sonate de Camille Saint‑Saëns pour les mêmes instruments était aussi une œuvre ultime et jugeant dès lors que l’écriture d’une pièce pour hautbois pourrait annoncer une fin proche. La structure de l’œuvre est classique mais curieusement inversée : lent, vif, lent. Le premier mouvement rappellerait la musique composée par le Russe, celle pour le film Ivan le Terrible de Sergueï Eisenstein mais c’est plutôt le martèlement du « Scherzo » et la « Déploration» finale comme dans la musique écrite pour un autre film du même réalisateur, Alexandre Nevski, qui y font songer. Le duo fonctionne bien. Gabriel Pidoux, déjà remarqué l’an dernier à Deauville, fait preuve dans l’« Elégie » initiale d’une distinction mêlée de mystère, le piano paraissant quelque peu en retrait, avant de se révéler dans ledit « Scherzo », mouvement plein de surprises et assez rafraîchissant finalement. On admire la longueur de souffle de Gabriel Pidoux dans la « Déploration » et ses mélodies faussement simples. Il capte l’attention de toutes les oreilles.
Les trois Romances pour hautbois et piano qui suivent ont été offertes par Robert Schumann (1810‑1856) à son épouse pour le jour de Noël 1849. Elles sont parfois données au violon ou à la clarinette. Ici au hautbois, Gabriel Pidoux s’y montre encore plus précis que précédemment, notamment dans la deuxième, chant éperdu d’amour pour Clara et flot continu de notes avant que la dernière romance ne célèbre la communion des deux amoureux dans un moment de joie intime.
A. Hinnewinkel, D. Moreau, S. Huang, G. Pidoux (© Stéphane Guy)
Le Quatuor (1947) de Bohuslav Martinů (1890‑1959) est une œuvre bien entraînante comme souvent chez le compositeur et pleine d’esprit, à part le début de l’Adagio central marqué par une entrée en matière du piano plutôt sombre et inquiétante sous les doigts remarquables d’Arthur Hinnewinkel. Nos jeunes artistes savent restituer cette œuvre rare au concert comme il convient, ne manquant notamment pas le final, aussi enjoué que possible.
On sera un peu moins convaincu par le Quatrième Quintette (1787) de Wolfgang Amadeus Mozart (1756‑1791). L’œuvre, assez complexe et ambitieuse, déjà proposée à Deauville il a dix ans avec une autre génération d’instrumentistes, qui ont fait leur chemin depuis, est une merveille d’équilibre mais c’est un peu ce qui manque à la réalisation, le premier violon, confronté à une partition redoutable dans le final, paraissant un cran en dessous de ses partenaires. Les artistes soignent pourtant l’Adagio et parviennent à l’habiter mais tous paraissent encore un peu verts pour affronter une telle œuvre, aux couleurs parfois tragiques. La prestation reste néanmoins d’un niveau exceptionnel au regard de leur jeunesse et laisse entrevoir des avenirs professionnels où le doute est exclu.
Le site de l’Août musical de Deauville
Stéphane Guy
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