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Un programme original pour fêter l’amitié franco-allemande Vichy Opéra 07/19/2024 - Johannes Brahms : Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 73
Ambroise Thomas : Mignon : Ouverture
Erich Wolfgang Korngold : Die tote Stadt, opus 12 : « Glück, das mir verlieb »
Jacques Offenbach : Les Fées du Rhin : Ouverture
Antonín Dvorák : Rusalka, opus 114, B. 203 : Chanson à la lune
Eugen d’Albert : Die Abreise : Ouverture
Charles Gounod : Faust : Air des bijoux
Alexandre Glazounov : Les Ruses d’Amour : Grande valse Angélique Boudeville (soprano)
Philharmonie Baden‑Baden, Heiko Mathias Förster (direction)
H. M. Förster
En 2021, l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco de onze villes (dont Vichy) réunies sous l’égide du label « Grandes villes d’eaux d’Europe » a permis de donner un nouvel élan inattendu à la nécessaire confraternité entre les pays de notre continent. Preuve en est cette année avec la venue dans la sous‑préfecture de l’Allier de l’Orchestre philarmonique de Baden‑Baden : de quoi fêter le troisième anniversaire de l’inscription à l’Unesco dans l’un des plus beaux opéras de France, dont la décoration Art nouveau vaut à elle seule le détour, en dehors des autres centres d’intérêt architecturaux disséminés dans toute la ville.
Le concert est précédé d’une présentation de Martin Kubich (directeur de l’Opéra de Vichy depuis 2017) et d’Arndt Joosten (directeur général de la Philharmonie de Baden‑Baden) qui rappelle les grandes heures de l’institution, notamment la venue en 1935 de Richard Strauss pour diriger Salomé. Joosten rappelle l’esprit multiculturel qui vivifie son orchestre, composé de plus de vingt nationalités différentes, avant de présenter les œuvres tout au long de la soirée, dans un français à l’accent exotique, mais parfaitement compréhensible. C’est là une idée bienvenue, compte tenu de l’originalité admirable du programme dévoilé en seconde partie.
Avant l’entracte, la Deuxième Symphonie (1877) de Brahms a toutefois bien du mal à convaincre, tant elle pâtit de l’acoustique du plateau de scène, au son globalement étouffé : sans l’apport d’un dispositif de renvoi sonore, comme en bénéficie le Théâtre des Champs‑Elysées à Paris, les musiciens peinent à dépasser la rampe. Il faut tendre l’oreille pour apprécier les tempi tout en étagement et en subtilité du chef permanent Heiko Mathias Förster. On s’habitue toutefois peu à peu à cette particularité, mais c’est peu dire que la salle n’a pas été conçue pour accueillir un orchestre sur scène.
Après la pause, la présence de la soprano Angélique Boudeville vient confirmer que l’acoustique favorise les voix : la jeune française n’a pas à forcer pour faire valoir toute la grâce mêlée de mélancolie et de fantastique de la chanson de Marietta, issue de l’opéra La Ville morte (1920) de Korngold, avant d’arracher des larmes dans la superbe chanson à la lune extraite de Rusalka (1901) de Dvorák. La diction en français est plus perfectible dans l’air des bijoux de Faust (1859) de Gounod, mais la soprano compense ce désagrément par un instrument velouté dans les graves et un sens des nuances particulièrement décisif dans l’interprétation.
L’orchestre se montre plus convaincant dans le répertoire léger et opératique de la seconde partie, avec des cordes plus pétillantes dans la mise en valeur du crépitement attendu. Ainsi de l’Ouverture des Fées du Rhin (1864), qui fait valoir tout le talent d’orchestrateur d’Offenbach, ou de l’étonnante et festive Ouverture de l’opéra Le Départ (1898) d’Eugen d’Albert. Le concert se conclut avec le pastiche rococo de la Grande valse du méconnu ballet Les Ruses d’Amour (1900) de Glazounov, d’une inspiration transparente toute française. De quoi relier cette pièce à ce programme en grande partie franco-allemand et logiquement dédié à l’amitié entre nos deux peuples.
Florent Coudeyrat
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