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Une reprise bienvenue

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Opera Vlaanderen
06/05/2024 -  et 8, 11, 14, 16* (Antwerpen), 30 juin, 3, 5, 7, 9 juillet (Gent) 2024
Leos Janácek : Jenůfa
Agneta Eichenholz (Jenůfa), Jamez McCorkle (Laca), Ladislav Elgr (Steva), Natascha Petrinsky (Kostelincka), Maria Riccarda Wesseling*/Nadine Weissmann (Starenka Buryjovka), David Stout (Stárek), Reuben Mbonambi (Rychtár), Karen Vermeiren (Rychtárka), Zofia Hanna (Karolka), Marta Babic (Pastuchyna), Bianca Van Puyvelde (Barena), Lissa Meyvis (Jana), Christa Biesemans (Tetka)
Koor Opera Ballet Vlaanderen, Jan Schweiger (chef des chœurs), Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, Alejo Pérez (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène), Patrick Kinmonth (décors, costumes), Peter Van Praet (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Il y a vingt-cinq ans, cette mise en scène de Jenůfa (1904) par Robert Carsen avait marqué les esprits. Parmi les spectateurs figurait, à l’époque, le jeune Jan Vandenhouwe, l’actuel directeur artistique, qui a découvert l’œuvre lyrique de Janácek par le biais de ce spectacle, comme il l’explique dans le programme. Cette mise en scène appartient à un cycle, couronné de succès, de trois opéras du compositeur tchèque montés à l’Opéra des Flandres par le metteur en scène canadien, les deux autres étant Katja Kabanova et La Petite Renarde rusée. La voici de nouveau, avec, bien évidemment, une autre distribution et un autre chef.


Un grand moment de musique et de théâtre. Cette mise en scène détient la preuve qu’il demeure possible de concevoir un spectacle beau et puissant sans recourir à des dispositifs et à des compléments trop fréquents aujourd’hui, comme la vidéo et la chorégraphie. Le décor paraît, au premier abord, fort simple : des portes, déplacées et emportées par les personnages, de la terre recouvrant tout le plateau, quelques meubles, voilà à peu près tout. Mais la beauté des costumes et des lumières, fortement évocateurs, dans des tonalités ocres et terreuses, rend cette scénographie mémorable, tandis que la direction d’acteur, formidable, de justesse et de précision, renforce encore l’impact de ce spectacle, d’une cohérence et d’une lisibilité parfaites. Un quart de siècle après sa création, cette mise en scène nous semble bien plus neuve et pertinente que certaines toute récentes.


Assez homogène et totalement impliquée, la distribution se hisse à un niveau élevé. Suédoise, comme Elisabeth Söderström, une ancienne grande interprète du rôle‑titre, Agneta Eichenholz livre, forte d’une présence et d’une voix séduisantes, une composition juste et sensible en Jenůfa. Natascha Petrinsky déçoit d’abord en Kostelnicka, à cause d’une voix manquant de puissance et de mordant, mais finit par convaincre ensuite, l’interprétation de la mezzo‑soprano autrichienne gagnant en puissance et en complexité. Malgré un chant solide, la dimension purement vocale ne constitue toutefois pas l’aspect le plus remarquable de cette incarnation crédible et solide.


La grande révélation se nomme Jamez McCorkle, admirable en Laca, grâce à un charisme naturel et à une voix lumineuse et intense. Ladislav Elgr, sans atteindre, contrairement à son partenaire américain, des sommets vocaux, incarne un fort bon Steva, antipathique et méprisant. Maria Riccarda Wesseling campe une grand‑mère idéale de bonté et d’humanité. Les rôles secondaires et plus petits sont bien tenus, en particulier les personnages féminins, ce qui contribue au caractère de cet opéra. Formulons seulement une réserve pour Reuben Mbonambi, le bourgmestre. Les compétences vocales sont hors de cause, mais ce jeune chanteur ne semble tout simplement pas crédible physiquement.


La prestation admirable de l’orchestre constitue un autre motif de satisfaction de ce spectacle. Sous la direction compétente et inspirée d’Alejo Pérez, les musiciens, à leur meilleur niveau, avec, parmi eux, un excellent konzertmeister, produisent de belles et profondes sonorités, sans éluder la nature parfois âpre de l’écriture. Les couleurs attirent ainsi l’attention, mais aussi les nuances d’intonation. Le chef et l’orchestre restituent ainsi toutes les beautés de cette captivante composition. Quant aux choristes, une fois de plus merveilleux, ils affichent un engagement et une crédibilité sans faille.



Sébastien Foucart

 

 

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