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La puissance et la retenue München Herkulessaal 06/13/2024 - et 14, 15 juin 2024 Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 5 « Empereur », opus 73
Richard Strauss : Tod und Verklärung, opus 24 – Don Juan, opus 20 – Salome, opus 54 : « Danse des sept voiles » Leif Ove Andsnes (piano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Daniel Harding (direction)
D. Harding, L. O. Andsnes (© Astrid Ackermann)
Comparé à pianistes de renommée équivalente, Leif Ove Andsnes est assez attentif à ne pas surjouer et passer d’une scène à l’autre de façon exagérée. Il faut se féliciter de le revoir à nouveau sur une scène munichoise, sa dernière apparition datant de janvier 2022 lors d’un récital où il accompagnait Lise Davidsen.
Dès les premières mesures du Concerto « L’Empereur », l’autorité de son jeu est manifeste : qualité des octaves, clarté des structures et maîtrise de la pédale. Lorsque l’introduction orchestrale qui suit se déploie, l’atmosphère est établie et, surtout, la pulsation si cruciale chez Beethoven est présente. Les tempos sont vifs et l’orchestre est tendu, malgré quelques légers décalages avec les bois. Le pianiste norvégien offre une grande variété de nuances. A l’instar d’un Richter en son temps, il permet d’apprécier les différences réelles entre le pianissimo et le mezzo forte, qui parfois peuvent passer inaperçus dans une grande salle de concert.
Sous la baguette attentive de Daniel Harding, les cordes trouvent un phrasé chantant et personnel dans l’Adagio un poco mosso. Comme pour dans le premier mouvement, le pianiste ne surjoue pas, construisant les lignes de l’œuvre et ne ralentissant pas. Le Rondo final a du souffle et de l’autorité. Très applaudi, Leif Ove Andsnes donne en bis la Deuxième des Mazurkas opus 33 de Chopin, mélangeant à nouveau brillance et retenue.
Programme Richard Strauss très munichois en seconde partie. Après les couleurs de la première partie, il faut un moment pour trouver le climat plus sombre que demande Mort et transfiguration. La mise en place est impeccable. Les solistes sont remarquables que ce soient Eduardo Belmar à la flute, Ramón Ortega au hautbois et surtout le premier violon Anton Barakhovsky. Peut-être pourrait‑on trouver que par moments, l’orchestre a tendance à jouer un peu fort mais les tutti sont superbes, avec une qualité d’équilibre entre cordes et cuivres qui est un des grands atouts de cet ensemble. Don Juan a beaucoup de bravade et surtout, loin d’un orientalisme de pacotille, la « Danse des sept voiles » de Salomé frappe par sa modernité et sa sauvagerie.
Ce concert devait être dirigé par Franz Welser-Möst mais malade, il a été remplacé par Daniel Harding. Le chef anglais et les musiciens se connaissent vraiment très bien. Le courant passe et il n’a pas besoin de trop en faire, une vraie soirée entre amis.
Antoine Lévy-Leboyer
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