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Deux concerts pour le prix d’un...

Paris
Philharmonie
06/05/2024 -  et 27 (Bergen), 29 (København), 31 (Budapest) mai, 2 (Bilbao), 3 (Barcelona), 7 (London), 10 (Wien), 19 (Berlin) juin 2024
Samuel Barber : Sonate pour piano, opus 26
Dimitri Chostakovitch : Préludes et Fugues, opus 87 : n° 2, n° 8 & n° 15 – Préludes, opus 34  : n° 5, n° 10, n° 12, n° 16 & n° 24
Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, n° 2, opus 38, n° 3, opus 47, et n° 4, opus 52

Yuja Wang (piano)


Y. Wang (© Charles d’Hérouville)


Pour son récital à la Philharmonie de Paris, la pianiste chinoise Yuja Wang a joué les prolongations: cinquante minutes de « bis » virtuoses au risque de ruiner le souvenir d’un passionnant récital. Un récital au programme alléchant : Chopin – avec rien moins que ses quatre Ballades – était précédé de deux outsiders du récital de piano, plutôt des box office killers, Barber et Chostakovitch.


Première partie époustouflante ! Armée d’une partition-tablette qu’elle n’a pas vraiment l’air de lire, Yuga Wang défend avec une facilité désarmante ce monument de la littérature de piano américaine qu’est la Sonate de Barber, créée en 1949 à Cuba par Vladimir Horowitz. On se hasarde à imaginer qu’elle doit avoir dix fois plus de facilité et d’intelligence musicale que ce dernier tant elle ne fait qu’une bouchée de cette sonate, dont la Fugue finale (Allegro con spirito) semble avoir été écrite pour faire le lien idéal avec les Préludes et Fugues de Chostakovitch qui suivirent.


Du maître soviétique, elle a choisi cinq Préludes et trois Préludes et Fugues, dont on regrette seulement qu’elle les enchaîne sans les laisser respirer. C’est en fait une ruse pour faire parade à un public qui, tout au long de la Sonate de Barber, n’a eu de cesse d’applaudir entre les mouvements. Mais quelle clarté, quelle intelligence du style et quelle versatilité pour passer d’une œuvre à l’autre comme au travers d’un miroir !


Pour la second partie, après un changement de tenue (une robe de bal haute couture aussi étincelante que la précédente était austère, mais tout aussi vaporeuse et transparente) et perchée sur de périlleux stilettos dont elle ne maîtrise pas toujours l’usage, les quatre Ballades de Chopin jouées dans le désordre du catalogue mais dans l’ordre qui lui semble le meilleur, ont été une expérience aussi passionnante qu’elle peut entraîner de réserves et de discussions de puristes. Certes, Miss Wang ne résiste pas à mettre en avant son invraisemblable facilité technique dans les passages les plus vifs mais sans jamais heurter le son ni se départir d’un legato exemplaire. Certes, une certaine complaisance dans le choix des tempi peut paraître étrange, voire agacer. Certes, elle n’hésite pas à faire surgir des tréfonds de l’accompagnement de la main gauche des dessins que l’on avoue n’avoir jamais entendus ni même devinés. Mais quelle belle sonorité, quel aplomb et quelle justesse dans la construction ! On sort de ces quarante minutes avec l’impression d’avoir fait un merveilleux voyage et c’est finalement ce qui compte.


Et on aurait souhaité en rester là mais il faut rendre compte, car c’est un phénomène qui se répand particulièrement avec les pianistes asiatiques – on pense au récent récital Mozart de Yundi Li au Théâtre des Champs‑Elysées – et qui tient autant au public qu’au goût de show off du pianiste. Cinquante minutes de « bis », est‑ce bien raisonnable ? C’est, de la part de cette jeune star du piano aux tenues aussi observées que la vie privée médiatisée, obéir au goût d’un public qui se repaît de démonstrations de virtuosité et pour lequel ces pièces, en général courtes, correspondent (les applaudissements entre les mouvements en sont la preuve) à un maximum de concentration. Parmi ce feu d’artifice de dix encores tous aussi virtuoses les uns que les autres qu’en bonne comédienne Yuga Wang semblait tirer au sort sur sa tablette, on reconnaissait (ou pas, voir la liste ci‑dessous) un très brillant Scherzo du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn/Rachmaninov, la Toccata conclusive du Tombeau de Couprein de Ravel, exemplaire, et pêle‑mêle des pièces de Boulez, Glass, Chostakovitch, Gulda... Et, heureusement, pour conclure ce qui s’apparentait plutôt à un numéro de cirque, une merveilleuse transcription par Liszt du lied Marguerite au rouet de Schubert, au moins de quoi récupérer un peu de l’humeur de rêve laissée par Chopin.



Felix Mendelssohn : Le Songe d’une nuit d’été, opus 61 : Scherzo (transcription Serge Rachmaninov)
Arturo Marquez : Danzon n° 2 (transcription Leticia Gómez‑Tagle)
Mikhaïl Glinka : Un adieu à Saint-Pétersbourg : 10. « L’Hirondelle »
Pièce de Friedrich Gulda
Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin : 6. « Toccata »
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n° 8, opus 110 : 2. « Allegro molto »
Pierre Boulez : douze notations : 7. « Rapide »
Philipp Glass : Etude n° 6
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6 en si mineur « Pathétique », opus 74 : 3. Allegro molto vivace (transcription Samuel Feinberg)
Franz Schubert : Gretchen am Spinnrade, D. 118 (transcription Franz Liszt, S. 558 n° 8)



Olivier Brunel

 

 

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