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Harold en Bohème ?

München
Herkulessaal
06/06/2024 -  et 7 juin 2024
Antonín Dvorák : Slovanské tance, opus 72, B. 147
Bohuslav Martinů : Rhapsody-Concerto pour alto et orchestre, H. 337
Leos Janácek : Sinfonietta

Timothy Ridout (alto)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Sir Simon Rattle (Direction)


T. Ridout (© Astrid Ackermann)


Voici un programme composé en souvenir de Raphael Kubelík, qui a dirigé l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise pendant près de vingt ans et a développé un répertoire vaste qui n’est pas sans rappeler celui de Sir Simon Rattle aujourd’hui.


Ce dernier avait évoqué la découverte de la sonorité de cet orchestre lors d’une tournée en Angleterre et le fait que c’est Kubelík qui avait réalisé le premier enregistrement « écoutable » des Gurre‑Lieder de Schoenberg. C’est Kubelík qui également a surtout beaucoup joué la musique d’Europe centrale, réalisant des enregistrements discographiques de Dvorák ou Janácek qui restent des sommets et créant de nombreuses œuvres, dont les Fresques de Piero della Francesca de Martinů.


On retrouve dans la lecture que donnent les musiciens sous la baguette de Sir Simon Rattle bon nombre des qualités de Kubelík. Les Danses slaves de Dvorák sont d’une vitalité contagieuse. On peut apprécier la subtilité des rubatos, le soin apporté aux équilibres, en particulier entre cuivres et cordes. Et entre plusieurs danses ébouriffantes, certaines ne sont pas sans une réelle profondeur. On découvre ainsi une orchestration subtile qui n’est pas sans rappeler celle de Rusalka dans la quatrième (Allegretto grazioso), tandis que la dernière est un peu opératique.


La Sinfonietta de Janácek est prise à un tempo allant. A nouveau, le niveau instrumental est très élevé. Le « mur de trompettes » impressionne dans le premier mouvement, même s’il pourrait être un peu plus construit. Les interventions de la clarinette de Christopher Patrick Corbett sont superbes – et quelle sonorité ! Combien d’orchestres peuvent se vanter d’avoir un pupitre de trombones capable de jouer avec un tel cantabile ?


Deux remarques doivent cependant être faites. Tout d’abord pour des œuvres d’une telle densité orchestrale, ne fallait‑il pas les jouer dans la salle de l’Isarphilharmonie, qui, à ce jour, permet aux plans sonores de respirer davantage ?


Autre point, même si le niveau musical est très élevé, on ressent quand même par moments une certaine nervosité, comme si les musiciens qui jouent ces œuvres pour la première fois sous la direction de leur nouveau directeur musical étaient un peu tendus, très attentifs à ce que tout se passe pour le mieux. Ce sont des œuvres où il faut savoir se laisser un peu aller : aucun doute que cela sera le cas lorsqu’ils les auront davantage jouées ensemble, mais ce soir, à plus d’un moment, les musiciens pourraient plus se lâcher.


Le sommet, un peu inattendu, de cette soirée est la Rhapsodie-Concerto de Martinů. C’est une très belle œuvre en deux parties, pleine d’évocations et d’atmosphères. L’effectif de l’orchestre est plus restreint, ce qui convient mieux à la salle, et les musiciens sont plus à leur aise même s’ils découvrent une partition qui ne fait pas partie de leur répertoire quotidien. Mais surtout, le jeune altiste anglais Timothy Ridout se révèle un musicien de premier plan, possédant une technique sans faille et une riche sonorité mais surtout capable de superbes phrasés pleins d’émotions. A nouveau, quelle joie de découvrir de telles œuvres servies par tels jeunes talents !



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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