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Luxe, passion et volupté

Paris
Philharmonie
05/30/2024 -  et 9, 10, 12 (Los Angeles), 28 (Barcelona) mai, 2 juin (London) 2024
John Williams : Olympic Fanfare and Theme
Gabriela Ortiz : Altar de cuerda
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 « Z nového světa », opus 95, B. 178

María Duenas (violon)
Los Angeles Philharmonic, Gustavo Dudamel (direction)


G. Dudamel (© Ondine Bertrand/Cheeese)


Invité régulièrement à Paris, l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles était de nouveau à la Philharmonie dans le cadre d’une tournée européenne passant par Barcelone, Paris et Londres. Au programme de ce concert symphonique, une fanfare de John Williams, la création française d’une pièce pour violon et orchestre de Gabriela Ortiz et la Symphonie « Du nouveau monde » de Dvorák.


Début de concert en fanfare donc, actualité oblige olympique, avec cette pièce composée par John Williams à la demande du comité des jeux Olympiques de Los Angeles de 2004 mais créée à Boston sous la direction du compositeur. Cette brève et spectaculaire pièce trouve en Gustavo Dudamel et ses musiciens californiens des interprètes d’emblée brillants et précis. Les cuivres, qui y ont la part belle, sont fidèles à leur réputation d’excellence mais sans forcer leur talent comme parfois dans d’autres orchestres américains – on pense notamment à Chicago. Le dialogue vite enclenché au plus niveau de réalisation avec les autres pupitres rappelle d’emblée le luxe sonore dans lequel évolue en permanence cet ensemble.


Place ensuite à la pièce de Gabriela Ortiz, compositrice mexicaine née en 1964, dédiée à la violoniste prodige andalouse María Duenas, déjà en contrat chez Deutsche Grammophon malgré son jeune âge (21 ans). Elle convainc par son interprétation exemplaire et d’une perfection technique superlative d’une pièce divisée en trois mouvements de facture très différente. Le premier mouvement, « Morisco chilango », rapide et très rythmique, n’est pas sans rappeler le concerto de Stravinski. L’accompagnement de Gustavo Dudamel et ses musiciens est précis et lumineux en même temps que passionné. Il en est de même dans le deuxième mouvement, « Canto abierto », un adagio au cours duquel l’ensemble des vents joue des verres en cristal accordés, ce qui crée un bel effet sonore en même temps que visuel. Au‑dessus de ce superbe tapis sonore, la jeune violoniste fait preuve d’un lyrisme tout à fait en situation. Le final, « Maya deco », à nouveau rapide, se termine par une brillante cadence au cours de laquelle María Duenas fait preuve d’une incroyable virtuosité. A l’évidence, cette jeune violoniste est promise à une grande carrière. L’accueil chaleureux réservé par le public à la compositrice, présente dans la salle, témoigne sans doute aussi du caractère joyeux et ludique de cette pièce.


Après le luxe et la passion place à la volupté... ce qui n’exclut pas la passion. En effet, ce concert se poursuivait par une exceptionnelle Symphonie « Du nouveau monde ». La réalisation était en tout point superlative tant en termes de travail orchestral que d’interprétation. Tempi équilibrés, lisibilité des voix secondaires, si importante dans cette musique magnifiquement orchestrée, circulation interne de la musique, énergie canalisée et constamment relancée par le chef, tout ici est un bonheur de chaque instant. Deux exemples parmi tant d’autres : le hautbois lumineux du Français Marc Lachat et la timbale joyeuse et volontaire de Joseph Pereira placée par Gustavo Dudamel à sa droite. Sans doute certains auront‑ils remarqué quelques inhabituelles ruptures de tempo mais cela participe de la relance de la musique et fait gagner en intensité dans une interprétation sans doute plus américaine que tchèque, ce qui n’est évidemment pas un contresens. Car avec Gustavo Dudamel, la musique n’est jamais routine. Et cette interprétation passionnée procure à l’auditeur une délectation et jubilation de chaque instant.


A désormais 43 ans, Gustavo Dudamel est incontestablement l’un des plus grands chefs en activité. L’Orchestre philharmonique de New York ne s’y est pas trompé, le recrutant à l’unanimité comme directeur musical à partir de 2026. Quand on pense que l’Opéra de Paris n’a pas su le garder... Après un accueil digne d’une star du rock, Gustavo Dudamel et ses musiciens, en un amusant clin d’œil à la première pièce, offrent à un public comblé Les Aventuriers de l’arche perdue de John Williams. Triomphe assuré !


Un exceptionnel concert donc, qui donnait très envie de revenir le lendemain pour le programme consacré à Fidelio et aussi d’espérer un jour par ces mêmes interprètes un concert entièrement dédié à John Williams. Il n’est pas interdit de rêver.



Gilles Lesur

 

 

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