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Faites confiance à Puccini

München
Nationaltheater
05/23/2024 -  et 25, 26, 29 mai, 1er, 3, 6, 9 juin, 24, 27, 30 juillet 2024
Giacomo Puccini : Tosca
Eleonora Buratto (Floria Tosca), Charles Castronovo*/Jonas Kaufmann (Mario Cavaradossi), Ludovic Tézier (Scarpia), Milan Siljanov*/Roman Chabaranok (Cesare Angelotti), Martin Snell (Mesner), Tansel Akzeybek (Spoletta), Christian Rieger (Sciarrone), Soliste des Tölzen Knabenchor (Un pastorello), Pawel Horodyski (Un carceriere)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Kinderchor der Bayerischen Staatsoper, Münchner Knabenchor, Christoph Heil (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Andrea Battistoni (direction musicale)
Kornél Mundruczó (mise en scène), Monika Pormale (décors, costumes), Felice Ross (lumières), Rūdolfs Baltins (vidéo), Kata Wéber, Malte Krasting (dramaturgie)


E. Buratto (© Wilfried Hoesl)


Les opéras de Puccini sont des chefs‑d’œuvre de dramatisme. La musique est sublime et la capacité à écrire pour des chanteurs extraordinaire. Ils sont rarement trop longs et chaque mesure compte (même si certains opéras pourraient être un peu plus profonds dans la psychologie des personnages). La réussite d’une production commence par le fait d’accorder confiance au compositeur.


Comme le lecteur peut s’en douter, après ce préambule, ce n’est pas ce qu’a fait Kornél Mundruczó, cinéaste de grand talent et qui nous avait donné à Genève une superbe Affaire Makropoulos. Situant l’action à l’époque de Pasolini pendant le tournage des Salò ou les 120 Journées de Sodome, le concept de Mundruczó pour cette Tosca diverge considérablement.


Dans cette adaptation, Angelotti fait partie des Brigades rouges, dont il faut rappeler qu’il ne s’agit ni de militants de la liberté ni d’artistes, mais d’un groupe terroriste injustifiable, particulièrement violent et infâme. Les artistes ont‑ ils conscience que romantiser de tels groupes terroristes, quelle que soit leur nationalité, est choquant ?


Cavaradossi est ici un cinéaste comme Pasolini et non un peintre. Cela n’a aucun sens lorsqu’il demande des pinceaux au sacristain et qu’il célèbre la victoire de Napoléon après la bataille de Marengo. L’air du troisième acte « E lucevan le stelle » se déroule alors que Cavaradossi-Pasolini lance des projecteurs pour diffuser en parallèle cinq extraits de ses films. Comment se concentrer sur la musique alors que l’on sature de tous côtés ?


Il y a enfin également nombre de personnages dénudés qui font peut‑être référence à Pasolini mais qui servent surtout à épater le bourgeois et faire scandale. Et que dire de cette table de massage qui ne reste sur scène que 5 minutes ? Bref, c’est un concept simplement plaqué artificiellement sur un opéra qui se suffit à lui‑même.


Et pourtant, le metteur en scène sait par moments diriger des acteurs et trouver des idées. C’est le cas lorsque Tosca arrive dans l’église après Scarpia et que les policiers la reconnaissent et veulent se faire prendre en photo avec elle. Il y a également un moment touchant lorsqu’à la fin du deuxième acte, les anciennes victimes de Scarpia se regroupent autour de Tosca.


Le niveau musical est inégal. La direction d’Andrea Battistoni est pleine de fougue et de dramatisme mais son orchestre est très bruyant. C’est souvent le cas à Munich et particulièrement aux premières, mais ceci dépasse tout ce que nous avons entendu. Fait rarissime, le chef se fait huer après l’entracte.


Dans l’ensemble, les tempi sont animés à l’exception d’un « Recondita armonia » trop lent, ne facilitant pas la vie au ténor Charles Castronovo, qui, face aux décibels de l’orchestre, a des problèmes de justesse. Eleonora Buratto, faisant ici une prise de rôle, a une grande voix avec de beaux aigus et une réelle italianité. Le grand triomphateur de cette soirée est sans conteste Ludovic Tézier. Techniquement et vocalement, c’est lui sur scène est le plus capable d’expression et de communication.


Le public aura beaucoup d’occasions de revoir cette production. Certains problèmes caractéristiques de premières devraient pouvoir s’effacer. Elle sera reprise pour le festival, en juillet, puis en septembre avec Lise Davidsen, Jonas Kaufmann et Bryn Terfel. De grands noms mais Puccini sera‑t‑il là ?



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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