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Général Bounine, eccentric Paris Théâtre des Champs-Elysées 05/23/2002 -
Leos Janacek : De la Maison des morts (suite) Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 27, K. 595 Antonin Dvorak : Symphonie n° 6, op. 60
Stanislas Bounine (piano) Orchestre national de France, Jiri Belohlavek (direction)
Cinq semaines après Zdenek Macal (voir ici), l’Orchestre national proposait, avec Jiri Belohlavek, un nouveau voyage en République tchèque, encadrant un concerto pour piano de Mozart. Même si nul ne songera évidemment à se plaindre de pouvoir entendre Dvorak, Janacek et Martinu à Paris, chacun sait toutefois que Macal et Belohlavek ont également des choses à dire dans d’autres répertoires.
A l’image du travail réalisé par Vaclav Talich sur La Petite renarde rusée, Frantisek Jilek et Otakar Trhlik ont tiré de l’opéra De la Maison des morts une suite orchestrale d’une vingtaine de minutes. Les musiciens se jouent remarquablement des chausse-trapes de cette partition typique de la dernière période de Janacek, à l’écriture et à l’orchestration à la fois denses et fragmentées.
Stanislas Bounine a, voici quelques années, marqué de ses excentricités deux prestigieuses compétitions de piano qu’il a remportées : le concours Long-Thibaud en 1983 (devant Hervé Billaut), puis le concours Chopin en 1985 (devant Marc Laforêt et Jean-Marc Luisada). Partageant désormais sa vie entre l’Allemagne et le Japon, le pianiste russe ne semble avoir rien perdu de son originalité. Son approche du Concerto en si bémol (K. 595) tourne le dos à la nostalgie que l’on prête parfois à l’ultime concerto pour piano de Mozart : franc, direct, quoique non dépourvu de légèreté ou d’espièglerie, bien loin de succomber à la mièvrerie, il fait preuve d’une verve et d’une clarté toutes scarlattiennes, tout en développant parfois un jeu très carré, dont témoigne le relief qu’il donne parfois aux attaques ou aux rythmes pointés. L’accompagnement, vigoureux et transparent, s’inscrit dans les perspectives ouvertes par le soliste, même si l’approche est sans doute moins radicale et imprévisible. En bis, après avoir fait mine de fermer le couvercle du clavier, Stanislas Bounine consent à offrir fort logiquement une Sonate en ré majeur (K. 96) de Scarlatti, interprétée avec une liberté échevelée.
Après la restitution visionnaire qu’en donnait Myung-Whun Chung avec l’Orchestre de chambre d’Europe il y a un peu plus d’un an (voir ici), la Sixième symphonie de Dvorak bénéficie avec Jiri Belohlavek d’une lecture plus classique et équilibrée. Ayant trouvé une bonne entente avec un Orchestre national en excellente santé, le chef tchèque, au moyen d’une gestuelle économe mais efficace, défend remarquablement cette symphonie restée dans l’ombre des trois dernières, privilégiant une ample respiration, soignant les phrasés et allégeant la pâte orchestrale.
Simon Corley
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