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Un programme audacieux

Normandie
Rouen (Théâtre des Arts)
05/16/2024 -  et 17* mai 2024
Augusta Holmès : Ludus pro Patria : 2. « Interlude. La Nuit et l’Amour »
Henri Duparc : Aux étoiles
Camille Saint-Saëns : Concerto pour violoncelle n° 1, opus 33
Benjamin Godard : Symphonie n° 2, opus 57

Edgar Moreau (violoncelle)
Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, Hervé Niquet (direction musicale)


H. Niquet (© Hervé Niquet)


L’Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie propose en ce printemps l’un de ces programmes originaux, sur deux soirées, dont on aimerait que tous les orchestres s’inspirent plus souvent. Le choix d’Hervé Niquet comme chef invité n’y est sans doute pas étranger, tant on connait le goût du Français pour le répertoire de la seconde moitié du XIXe siècle, développé depuis plusieurs années avec les équipes du Palazzetto Bru Zane. Ce que l’on ignorait, en revanche, c’est la proposition d’une présentation pendant le concert de chaque œuvre au préalable par le chef lui‑même : ceux qui connaissent son érudition, sa verve et son humour peuvent imaginer le plaisir ressenti, donnant ainsi une image beaucoup moins raide à ce répertoire sérieux. De quoi aider les nombreux enfants et adolescents présents dans la salle à pénétrer les arcanes du classique avec bonne humeur et malice, pour cette séance « famille » en réalité identique, si ce n’est du point de vue tarifaire, au concert donné la veille.


Le concert débute avec deux courtes œuvres faisant valoir une poésie délicate et apaisée, La Nuit et l’Amour (1888) de Holmès et Aux étoiles (1874, révisé en 1911) de Duparc : deux raretés qui donnent envie de découvrir plus avant les ouvrages de ces deux compositeurs trop méconnus. De quoi chauffer idéalement l’orchestre, très affûté sous la direction vive et féline d’Hervé Niquet, avant le morceau de choix dévolu au Premier Concerto pour violoncelle (1873) de Saint‑Saëns. Niquet s’efface en offrant un accompagnement au soutien très chantant, moins porté sur l’énergie rythmique que sa manière habituelle. On retrouve pour l’occasion l’excellent soliste Edgar Moreau (né en 1994), au son profond et entier, qui porte le discours d’ensemble d’un ton souverain et sans ostentation, rappelant à maintes reprises la noblesse d’âme d’un Pierre Fournier. En bis, il reste sur les mêmes cimes, avec la Sarabande de la Troisième Suite de Bach.


La soirée, sans entracte, se poursuit avec la rarissime Deuxième Symphonie (1879) de Godard, que David Reiland avait popularisée en un très beau disque paru en 2016 chez CPO. A l’inverse du chef belge, Hervé Niquet empoigne ses troupes d’une énergie roborative dans les verticalités, pour mieux s’apaiser dans les passages délicats. De quoi donner un relief à même de faire ressortir les contrastes de cette symphonie au ton volontiers spectaculaire, là où la précédente, la superbe et savante Symphonie Gothique, faisait davantage valoir les qualités de mélodiste de Godard. Une belle redécouverte, qui nous fait regretter de ne pas pouvoir bénéficier d’un enregistrement de la version rouennaise : à moins que le Palazzetto Bru Zane et Hervé Niquet ne décident de s’intéresser à nouveau à Godard ? On ne pourrait guère s’en plaindre...


En attendant, le répertoire français va continuer à être à l’honneur à l’Opéra de Rouen lors de la prochaine saison, qui vient tout juste d’être dévoilée : en dehors du passionnant concert de Pierre Dumoussaud, donné les 19 et 22 décembre (pour un copieux programme Duparc, Massenet, Bizet, Debussy et Bonis), la musique de Francis Poulenc y sera notamment mise en avant tout au long de la saison, avec le Concerto champêtre, la suite des Biches ou le chef‑d’œuvre lyrique Dialogues des carmélites. Immanquable !



Florent Coudeyrat

 

 

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