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Une soirée contrastée Lausanne Théâtre de Beaulieu 05/15/2024 - Johann Sebastian Bach : Concerto brandebourgeois, BWV 1046 à 1051 Orchestre de Chambre de Lausanne, Renaud Capuçon (direction et violon) R. Capuçon (© Yuri Tavares)
Directeur artistique de l’Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL) depuis 2021, Renaud Capuçon a tenu à présenter un programme ambitieux : les six Concertos brandebourgeois de J.‑S. Bach la même soirée, avec lui‑même au pupitre et simultanément, pour deux des œuvres, au violon. Le défi n’a pas été totalement relevé. Tout avait pourtant parfaitement commencé. Le premier ouvrage à l’affiche, le Premier Concerto, a débuté de manière vive et enjouée, avec précision et cohésion. Mais la machine s’est grippée au troisième mouvement : le violon solo s’est emmêlé les pinceaux à plusieurs reprises, les cors ont accumulé les fausses notes et des flottements se sont fait entendre. Fort heureusement, cette première impression défavorable a été totalement dissipée par une splendide exécution du Troisième Concerto, avec Renaud Capuçon au violon, une exécution d’une parfaite homogénéité entre les différents pupitres. Mais le Cinquième Concerto qui a suivi, est mal parti : le violon de Renaud Capuçon, brillant et lumineux, et la flûte solo, plutôt en retrait, n’ont pas fait jeu égal dans leur dialogue ; de surcroît, le flûtiste était à la peine dans les trilles, en raison peut-être du tempo, particulièrement rapide. Et on a aussi eu l’impression que le clavecin – superbe au demeurant, même si trop peu sonore – racontait une tout autre histoire. Si les choses se sont bien améliorées pour les mouvements suivants, la première partie du concert s’est terminée sur une impression plutôt mitigée.
Les musiciens n’ont peut-être pas eu suffisamment de répétitions. Il faut dire que la musique baroque ne fait partie de l’ADN de l’OCL, quand bien même Tom Koopman est souvent venu à Lausanne en tant que principal chef invité dans les années 2000 ; mais depuis, l’effectif a été passablement renouvelé, avec désormais de nombreux jeunes musiciens. Pour la seconde partie de la soirée, l’OCL a semblé comme transformé, levant avec brio tous les doutes de la première partie. Le Sixième Concerto restera comme le point fort du concert, en termes de musicalité et de cohésion en tout cas. Dans le Quatrième Concerto, les deux flûtes et le violon solo ont cette fois fait des merveilles. Et le Deuxième Concerto, vif et entraînant, débordant de joie, a déclenché les ovations du public.
Claudio Poloni
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