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Quand la cour sonne la relève Lausanne Opéra 04/27/2024 - et 17, 18 février (Fribourg), 28 avril (Lausanne) 2024 Arthur Honegger : Les Aventures du Roi Pausole, H. 76 Pierre Lenoir*/Léonard Schneider (Pausole), Raphaëlle Mignot*/Naïma Wanshe (Aline), Zoé Cassard*/Orana Ripaux (Mirabelle), Fanny Utiger*/Marie‑Sophie Roux (Diane), Gabriel Colin*/Erwan Fosset (Giglio), Baptiste Bonfante (Taxis), Esther Goodman (Dame Perchuque), Solène Nancy (Thierrette), Simon Ruffieux (Le Métayer)
Chœur et Orchestre de la Haute Ecole de Musique, Silvina Peruglia (direction musicale)
Robert Sandoz (mise en scène), Denis Foucart (lumières), Naomi Purro (costumes)
(© Olivier Wavre)
En collaboration avec le Nouvel Opéra Fribourg (NOF), où le spectacle a d’abord été présenté en février, la Haute Ecole de Musique Fribourg‑Vaud (HEMU) vient de proposer deux représentations des Aventures du Roi Pausole d’Arthur Honegger à Lausanne. Une occasion unique pour les étudiants, qu’ils soient musiciens ou chanteurs, de faire leurs premières armes sur une scène lyrique ou dans une fosse et d’acquérir une précieuse expérience en se confrontant aux conditions et aux contraintes grandeur nature d’une production d’opéra. Qui plus est, la distribution a été doublée, permettant ainsi à un grand nombre d’élèves de prendre part à cette aventure des plus enrichissantes.
Créée en 1930 à Paris, l’opérette Les Aventures du Roi Pausole, inspirée du roman éponyme de Pierre Louÿs et fondée sur un livret d’Albert Willemetz, est le seul ouvrage comique d’Arthur Honegger. Monarque aux 365 épouses – une par nuit –, Pausole s’ennuie profondément dans sa routine faite de luxure. Mais son existence va être totalement chamboulée lorsqu’il apprend que sa fille unique, Aline, a pris la poudre d’escampette pour vivre le parfait amour avec un danseur, qui est en réalité... une danseuse ! Ni une ni deux, le monarque décide de suivre les conseils de son page Giglio et part immédiatement à sa recherche, ce qui entraîne, bien évidemment, rebondissements et quiproquos. L’ouvrage se veut léger et frivole, avec de nombreux calembours et jeux de mots. Après plus de cinq cents représentations à Paris mais aussi en province et à l’étranger, il est tombé dans l’oubli et ne réapparaît que très sporadiquement dans les programmations des théâtres lyriques.
Pour le spectacle pédagogique de l’HEMU, la mise en scène a été confiée à Robert Sandoz, qui connaît bien l’œuvre pour l’avoir déjà montée au Grand Théâtre de Genève en décembre 2012. Les dialogues ont été légèrement adaptés pour être mis au goût du jour. Le plateau est jonché de matelas, ce qui illustre à merveille la libido mais aussi la paresse de Pausole. Tous les interprètes vocaux sont aussi d’excellents comédiens, avec des gestes parfaitement naturels et des mouvements fluides. Déclamés, les dialogues parlés résonnent eux aussi parfaitement justes, jamais artificiels. Le public est conquis par la fraîcheur et l’enthousiasme qui émanent du plateau et de la fosse, ainsi que par l’esprit d’équipe et la cohésion qui caractérisent le plateau vocal. Dans la distribution de la première soirée, on retient notamment la Diane éplorée et alanguie de Fanny Utiger, frustrée de ne pouvoir passer sa nuit annuelle avec le Roi, avec sa belle voix large et corsée, le page Giglio particulièrement dégourdi et facétieux de Gabriel Colin, l’Aline émouvante et mélancolique de Raphaëlle Mignot, aux aigus lumineux, la Mirabelle aux multiples facettes de Zoé Cassard, le Taxis engoncé et très à cheval sur les principes de Baptiste Bonfante ainsi que le Pausole naïf et flegmatique de Pierre Lenoir, contre‑ténor à la voix angélique.
A la fin du spectacle, le public fait une ovation à tous les participants. Quoi de plus exaltant que de se dire qu’on a peut‑être assisté ce soir à l’éclosion de grands talents !
Claudio Poloni
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