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Un concert à écouter attentivement Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 04/24/2024 - et 23 avril 2024 (Freinsheim) Felix Mendelssohn : Quatuor en la mineur, opus 13
Jean Sibelius : Quatuor « Voces intimae », opus 56 Quatuor Tetzlaff : Christian Tetzlaff, Elisabeth Kufferath (violon), Hanna Weinmeister (alto), Tanja Tetzlaff (violoncelle)
T. Tetzlaff, H. Weinmeister, C. Tetzlaff, E. Kufferath (© Georgia Bertazzi)
Deux œuvres, pas de pause : pour ce concert à la salle Henry Le Bœuf, à l’acoustique plus appropriée pour un orchestre, voire pour un piano, que pour ce type de formation, le Quatuor Tetzlaff, constitué il y a trente ans, ne souhaite pas pour autant en finir au plus vite.
Affichant un niveau impressionnant, les musiciens privilégient, dans le Quatuor opus 13 (1827) de Mendelssohn, les nuances et les détails à la fougue et à la précipitation. Cette lecture d’une impeccable précision n’en demeure pas moins habitée, le quatuor éclairant avec pertinence, non seulement les motifs, mais aussi la finesse d’écriture du jeune compositeur. La précision de la mise en place, des transitions et de l’intonation suscite l’admiration, mais elle nécessite une écoute concentrée pour en apprécier le degré d’élaboration. Les interprètes n’en négligent cependant pas le lyrisme, ni la forme, ce qui confère à cette exécution d’une incontestable autorité une grande impression de cohérence, tant formelle qu’expressive. Les Tetzlaff inscrivent manifestement cette composition dans le sillage des derniers quatuors de Beethoven.
Malgré les dimensions de la salle Henry Le Bœuf, le Quatuor Tetzlaff joue comme s’il se trouvait dans un cadre plus intimiste. Et d’intimité, il en est bien question dans le Quatuor (1908‑1909) de Sibelius, et pas seulement dans son sous‑titre. Une œuvre de maturité, cette fois, qui offre un visage contrasté entre un dernier mouvement ébouriffant, dans lequel les musiciens conservent toute leur maîtrise, comme dans le Vivace, et les autres, plus méditatifs. Les Tetzlaff parviennent à instaurer un dialogue discret, presqu’aux confins du silence. Les recherches d’écriture dans ce quatuor nécessitent également une écoute attentive, laquelle révèle les caractéristiques reconnaissables de l’écriture de Sibelius. Sans surprise, l’exécution possède les qualités relevées précédemment. Au début, l’échange entre le premier violon et le violoncelle attire immédiatement l’attention par son intensité et sa précision, mais les quatre musiciens, dans Sibelius, comme dans Mendelssohn, affichent une cohésion admirable, livrant ainsi une interprétation juste et décantée de cette composition contemporaine de la Troisième Symphonie.
En guise de rappel, Christian Tetzlaff annonce simplement Dvorák. Le choix s’est porté le mouvement lent du Quatorzième Quatuor, qui prolonge la tonalité générale de ce concert.
Sébastien Foucart
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