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Adolescence prodigieuse Vienna Konzerthaus 04/03/2024 - Johann Sebastian Bach : Partita pour clavier n° 6, BWV 830 – Partita pour violon seul n° 3, BWV 1006 : 1. Prélude, 3. Gavotte en rondeau & 7. Gigue (arrangement Rachmaninov)
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 26 « Les Adieux », opus 81a
Serge Rachmaninov : Variations sur un thème de Corelli, opus 42 Alexandra Dovgan (piano)
A. Dovgan (© Irina Schymchak)
La période transformative de l’enfant prodige en interprète précoce est critique dans l’itinéraire des artistes ; espérons que l’adolescence d’Alexandra Dovgan présage ce que pourront nous offrir ses futures années. On ne peut qu’admirer la sereine et élégante présence sur scène de la jeune pianiste russe, qui n’a pas atteint ses 17 ans et peut déjà se prévaloir d’une très solide expérience, tant aux concours qu’aux concert.
Le programme de ce récital décidément ambitieux commence presque en demi‑teinte, avec une partita de Bach sous contrôle, dont les longueurs de notes et les phrasés immaculés rendent un hommage un peu trop respectueux au maître allemand pour parvenir à soutenir cette demi‑heure de musique. La sonate de Beethoven Les Adieux est bien plus affirmée, la robustesse des contrastes se conjuguant à la grâce de son toucher. Cette première partie laisse cependant apparaître d’infimes traces de gestes un peu trop emphatiques, de respirations un peu trop appuyées qui impactent la cohésion organique du discours. Intelligence musicale, minutie du travail, moyens techniques prodigieux ; tout est déjà en place chez cette pianiste, il ne reste enfin de compte qu’à laisser du temps pour lui permettre d’explorer en profondeur sa personnalité, et imprimer son expérience à ce répertoire.
Le contraste avec la seconde partie n’en est que plus apparent. Alexandra Dovgan respire avec naturel cette musique imprégnée de l’âme slave, apportant de la variété par petites touches de couleurs, des textures perlées, et faisant chanter les voix intermédiaires sans bouleverser l’équilibre de la structure. L’aisance technique passe rapidement au second plan, devenant une évidence là où elle serait une finalité sous les doigts d’un autre. Suivent une série de bis épiques (dont un extrait target="_blank" est déjà publié sur le compte Instagram de la pianiste), accueillis par des standing ovations d’un enthousiasme croissant, forçant le personnel du Konzerthaus à rouvrir les portes de la salle et admettre un public déjà partiellement sorti dans les couloirs ! Un succès amplement mérité qui confirme le talent immense et le potentiel extraordinaire d’Alexandra Dovgan
Dimitri Finker
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