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Pochades München Herkulessaal 02/29/2024 - et 1er* mars 2024 Ernő Dohnányi : Szimfónikus percek, opus 36 – Variationen über ein Kinderlied, opus 25
Claude Debussy : Printemps
Erik Satie : Gymnopédies n° 1 et n° 3 (orchestration Claude Debussy et Francis Poulenc)
Maurice Ravel : Daphnis et Chloé, Suite pour orchestre n° 2 Zoltán Fejérvári (piano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Iván Fischer (direction) I. Fischer (© Astrid Ackermann)
Fun fact : Alfred Hitchcock avait sélectionné les Variations sur une chanson enfantine d’Ernő Dohnányi pour l’émission de radio de la BBC « Desert Island Discs » (aux côtés de la Troisième Symphonie de Roussel, d’œuvres d’Elgar, Schumann, Wagner, etc.). L’œuvre débute par une introduction très dense, presque wagnérienne, et lorsqu’on croit à l’instauration d’un semblant de calme, des accords dramatiques surviennent avant que le piano n’intervienne pour jouer l’air de... Ah ! vous dirai‑je, Maman (sur lequel Mozart a composé une série de variations connues de tous les apprentis pianistes). Comment ne pas simplement sourire ou rire à ce moment, mais surtout comment ne pas penser que ce serait une musique de film idéale pour un film de Hitchcock ?
La suite des variations est très virtuose, tant pour l’orchestre que pour le piano. Certaines sont assez originales, notamment une avec piano, harpe et glockenspiel. La musique est très exigeante mais le pianiste et l’orchestre sont souverains, offrant une sonorité très riche et une excellente précision. C’est une œuvre agréable à écouter, mais est‑ce un véritable chef‑d’œuvre ou simplement une brillante pochade ?
C’est un peu la même impression qui se dégage des Minutes symphoniques. L’orchestration est brillante et les musiciens sont à leur apogée, mais il ne se dégage pas grand-chose et cette musique est vite oubliée. Le Troisième des Intermezzi opus 119 de Brahms, professeur de Dohnányi, interprété en bis par Zoltán Fejérvári, possède plus de charme et de substance.
Le programme français en seconde partie pose question. Printemps de Debussy, avec sa valse de guinguette dans la seconde partie, est‑il aussi une pochade ? Le niveau instrumental reste très élevé, mais tant de dramatisme et de couleurs sombres – presque allemandes – dans la première partie sont‑ils bien adaptés à cette charmante pièce française ? Les deux Gymnopédies sont des raretés intéressantes. Toutefois, les bois ne peuvent s’empêcher de faire chanter leurs instruments, alors que certains pianistes nous ont habitués à une certaine retenue.
En conclusion de ce concert, la Seconde Suite de Daphnis et Chloé est le chef‑d’œuvre reconnu que l’on connaît. A nouveau, on admire la qualité de la construction, de la précision et des équilibres. A la flûte solo, Tatjana Ruhland‑Schmitt est brillante. Cependant, les cuivres vers la fin du « Lever du jour » (à la mesure 168 pour les Beckmesser amateurs de partitions) semblent tout droit sortis d’un poème symphonique de Richard Strauss et la « Pantomime », un peu bruyante, qui suit, exige de prendre son temps et de laisser la musique se développer. C’est une interprétation excitante qui n’est pas complètement dans l’esprit de Ravel, mais Hitchcock en aurait fait des merveilles.
Antoine Lévy-Leboyer
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