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Un convaincant couplage

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
02/23/2024 -  
Edward Elgar : Concerto pour violoncelle, opus 85
Jean Sibelius : Symphonie n° 5, opus 82

Anastasia Kobekina (violoncelle)
Belgian National Orchestra, James Feddeck (direction)


A. Kobekina (© Julia Altukhova)


D’abord annoncé sans pause, ce concert qui regroupe deux œuvres exactement contemporaines en comporte finalement une. Le programme aurait donc pu débuter par une courte composition à titre d’ouverture, mais il s’agit finalement d’un couplage plutôt bien équilibré. Dans l’une comme dans l’autre, la formation nationale, placée sous la direction du chef américain James Feddeck, réussit à rendre remarquablement le profil dynamique et le ton expressif de la musique d’Elgar et de Sibelius.


Malgré quelques traits discutables – trop appuyés, peu raffinés – dans le premier mouvement, en particulier, Anastasia Kobekina livre une interprétation juste et sincère du Concerto pour violoncelle (1919) du compositeur britannique. Elle dévoile une maîtrise assez impressionnante, sans heureusement étaler de façon ostentatoire sa virtuosité, ce qui aurait constitué une erreur impardonnable dans cette œuvre. La violoncelliste tire de son Stradivarius de belles et chaleureuses sonorités, et grâce à son phrasé, mais aussi à la pertinence de son interprétation, elle restitue avec satisfaction la nature contemplative, élégiaque, inquiète, même, de cette tardive composition. Il aurait toutefois été possible d’atteindre plus d’évidence, de profondeur, de pleine et entière maturité. Le chef, qui lui offre un soutien attentif, obtient de l’orchestre un niveau de jeu plus que satisfaisant. Anastasia Kobekina remercie le public, dans lequel se trouve une dame à la toux récalcitrante, avec Gallardo, une pièce de son père, Vladimir Kobekin, choix, évidemment, original, mais aussi touchant et personnel, exécutée avec le timbalier, Nico Schoeters, qui la rejoint sur le devant de la scène pour l’accompagner avec un tambourin – pièce vive, teintée de couleurs folkloriques.


Les spectateurs ne se sont pas retenus d’applaudir après le premier mouvement du concerto, mais également, ce qui nous paraît encore plus dommageable, après celui de la Cinquième Symphonie (1915‑1919) du Finlandais, certaines personnes commençant même à frapper des mains à la toute fin, alors qu’il restait encore les cinq derniers accords à faire sonner, gâchant ainsi fâcheusement l’effet produit par cette phénoménale conclusion. James Feddeck parvient, en jeune maître soucieux de la précision de la mise en place, à reproduire la forme logique et rigoureuse de cette symphonie véritablement épique. Il en traduit sans alanguissement, et avec clarté, la vitalité organique, mais aussi la nature puissamment évocatrice. Un élan, un souffle, irrépressible traverse cette belle et convaincante exécution dont la conception témoigne d’un métier, voire d’un art, fort honorable. Voilà une figure de la direction d’orchestre dont il convient de suivre le parcours avec quelque intérêt. Les cuivres se sont déjà mieux illustrés que ce soir, mais les autres pupitres se montrent excellents, produisant une sonorité plus âpre et transparente que moelleuse et fondue.


Le site de Anastasia Kobekina
Le site de James Feddeck



Sébastien Foucart

 

 

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