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Un récital incandescent

La Chaux-de-Fonds
Salle de musique
02/20/2024 -  
Gioachino Rossini : Mélodies et Chansons
Franz Schubert : Vier Canzonen von Metastasio, D. 688

Marina Viotti (mezzo-soprano), Jan Schultsz (piano)


J. Schultsz, M. Viotti (© Michel Racine)


Le récital que vient de donner Marina Viotti à la Salle de musique de La Chaux‑de‑Fonds a littéralement transporté le public, qui s’est levé comme un seul homme à la fin de la soirée pour ovationner la prestation de la mezzo‑soprano. Marina Viotti, c’est d’abord une voix mordorée, aux accents voluptueux, à l’extension qui semble infinie, une voix chaude et profonde dans le registre grave, agile et lumineuse dans les aigus, une voix capable aussi de nuances, de subtilité et de sobriété, bref un magnifique instrument en passe d’atteindre sa maturité.


Autant de qualités vocales que Marina Viotti a pu mettre en valeur dans un programme composé essentiellement de chansons et de mélodies de Rossini, entre lesquelles sont venus s’intercaler quatre lieder italiens de Schubert. Un programme des plus originaux car les pièces du maître de Pesaro choisies ce soir ne sont, à quelques exceptions près, pratiquement jamais chantées. On gardera longtemps en mémoire la « Chanson du bébé », au cours de laquelle un petit enfant capricieux réclame l’attention de sa maman. Visage boudeur et renfrogné, n’hésitant pas à rendre sa voix criarde et pleurnicharde, Marina Viotti a déclenché les fous rires des spectateurs avec ses « maman, papa, pipi caca » énergiques et décidés. Marina Viotti, c’est le sens de l’expressivité à son plus haut degré, servi par une superbe diction. L’originalité du programme tenait aussi pour beaucoup à la juxtaposition Rossini-Schubert, tant le lien entre les deux musiciens semble peu évident. Et pourtant, dans ses quatre lieder italiens, le compositeur autrichien a voulu imiter le belcanto et montrer par là toute son admiration pour Rossini. Les similitudes sont telles qu’on finit même par se demander si on aurait été capable de distinguer qu’il s’agissait bien de Schubert.


Marina Viotti, c’est enfin un tempérament de feu. Entre chaque morceau, elle s’est saisie d’un micro pour expliquer au public ce qu’elle allait chanter, souvent avec beaucoup d’humour. On sait que la cantatrice veut rendre la musique et l’opéra accessibles au plus grand nombre. Ce soir, elle a, en tout cas, cassé les codes du récital de chant traditionnel.


Marina Viotti a pu compter sur la présence au piano de Jan Schultsz, accompagnateur attentif, au jeu particulièrement délicat et raffiné. Il a, lui aussi, pris plusieurs fois le micro pour expliquer notamment qu’il jouait sur un pianoforte Pleyel original, fabriqué à Paris vers 1850, du vivant donc de Rossini, et retrouvé à Florence. En bis, la célébrissime « Danza » de Rossini, dont Marina Viotti a voulu prouver, avec brio, qu’elle n’est pas l’apanage des ténors, et surtout un magnifique Rondo final de La Cenerentola (« Nacqui nell’affanno »), chanté comme une évidence. Le public était aux anges.



Claudio Poloni

 

 

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