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Une œuvre qui suffit Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 02/20/2024 - et 13 (Barcelona), 15 (Madrid), 17 (Hamburg), 19 (Berlin), 21 (Luxembourg) février 2024 Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45 Eleanor Lyons (soprano), Domen Krizaj (baryton)
Balthasar-Neumann-Chor und Orchester, Thomas Hengelbrock (direction)
(© Florence Grandidier)
Une seule œuvre au programme, et non des moindres. Le Chœur et l’Orchestre Balthasar-Neumann, sous la direction de leur fondateur, Thomas Hengelbrock, interprète Un requiem allemand (1857‑1868) dans le cadre d’une petite tournée qui emmène ensuite cet ensemble pratiquant l’interprétation historiquement informée, le lendemain, à Luxembourg. Cette soirée s’inscrit, quant à elle, dans une prestigieuse série du Bozar consacrée aux formations et œuvres chorales, « Grand vocal », et qui proposera à deux reprises, la Passion selon saint Mathieu, d’abord exécutée par l’Orchestre du Festival de Budapest, le 21 mars, dans une version, annoncée, sans beaucoup de précision, comme quelque peu arrangée, avec de la « musique de peuples et minorités menacés », ensuite, la seconde fois, le 27 mars, par le Collegium Vocale de Gand, un concert déjà annoncé complet.
Les instruments utilisés confèrent évidemment une sonorité plus maigre à cette œuvre de Brahms, mais les musiciens lui apportent la chaleur et la profondeur attendues. L’exécution attire l’attention par la précision de sa mise en place, ce qui permet d’apprécier en particulier les belles interventions des bois, et par sa justesse, laquelle concerne aussi bien les tempi, le chef évitant tout alanguissement, que l’expression. Ces qualités contribuent largement à l’impression d’intensité, de douceur et de réconfort ressentie à l’écoute de cette œuvre d’une grande richesse émotionnelle.
La direction veille également aux équilibres, dans l’ensemble plus que satisfaisants, en dépit d’un rendu parfois trop faible des timbales placées du côté jardin. Elle rend aussi admirablement les pics d’intensité, grâce à une conduite claire et cohérente des sept mouvements qui s’articulent logiquement. Le chœur d’élite qui collabore avec cet orchestre, fondé quatre ans plus tard, en 1995, parvient à jouer sur les contrastes, entre obscurité et lumière, puissance et délicatesse, tristesse et confiance, grâce à un chant nuancé, précis, admirablement équilibré entre voix féminines et masculines. Le son de cet ensemble parait vraiment de toute beauté. Malgré les mérites incontestables d’Eleanor Lyons, ce sont les interventions d’une tenue vocale et expressive impeccable de Domen Krizaj qui retiennent l’attention, par le sentiment d’évidence qu’elles suscitent. Une seule œuvre, donc, heureusement sans bis, mais cela suffisait amplement.
Le site de Thomas Hengelbrock
Le site de Domen Krizaj
Le site du Chœur et de l’Orchestre Balthasar-Neumann
Sébastien Foucart
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