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Brahms all’ ungarese

Vienna
Konzerthaus
02/13/2024 -  et 16 (Genève), 18 (Baden‑Baden) février 2024
Johannes Brahms : Danses hongroises, WoO 1 : 10. Presto & 7. Allegretto (orchestration Iván Fischer) – Concerto pour piano n° 2, opus 83 – Symphonie n° 2, op 73
Vadym Kholodenko (piano)
Budapesti Fesztiválzenekar, Iván Fischer (direction)


I. Fischer (© Marco Borggreve)


Iván Fischer et son orchestre ont offert une fascinante soirée, délivrant une interprétation profondément typée, s’affranchissant souvent des sentiers battus tout en revendiquant une tradition orchestrale rappelant les grands maîtres du XXe siècle. L’assise voluptueuse et jubilatoire des basses de l’orchestre, le fruité des timbres des vents (devenu rare à une époque où prédomine la mondialisation des orchestres) se combinent avec une transparence et une agilité bien contemporaines; le geste ample et la direction impérieuse d’Iván Fischer, presque hypnotique, pourrait sembler sortie d’un film d’archives si elle n’était au service d’une recherche constante d’expérimentations nourries par les récentes remises en question des traditions romantiques.


Le remplacement de dernière minute de Yefin Bronfman par Vadym Kholodenko (dont le mouchoir de poche aux couleurs discrètement patriotiques rappelle la nationalité ukrainienne), dans le Second Concerto pour piano ne laisse aucune trace sur la prise de risque des interprètes. Après une introduction ample aux accents parfois beethovéniens, le virtuose développe un jeu perlé, en parfait accord avec l’accompagnement orchestral, subtil et varié. Les relances de tempo fougueuses et ludiques, les coups de projecteur contrapuntiques souvent très spectaculaires, nous éloignent rapidement de la vision surannée d’un Brahms à la longue barbe blanche.


Déjà excellent en première partie, le niveau de l’orchestre s’élève encore lorsqu’Iván Fischer se trouve seul face à lui dans la Deuxième Symphonie. Sa lecture met en lumière la richesse des contrechants de la partition, malaxant et étirant le matériau musical pour atteindre souvent un hédonisme grandiose. Les instrumentistes de l’orchestre suivent les explorations musicales du chef comme un seul homme, collant à chaque mouvement de sa baguette comme vibreraient les cordes d’un unique instrument sous un archet.


Les Danses hongroises ouvrant chaque partie revendiquent avec une fierté bien évidente leur héritage folklorique. Ce qui aurait pu n’être qu’une simple démonstration sous la baguette d’un chef moins consciencieux se transforme ici en une envoûtante et aventureuse exploration musicale. Voilà en tout cas du Brahms qui décoiffe.



Dimitri Finker

 

 

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