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Un piano et une trompette subliment Chostakovitch Geneva
Victoria Hall
02/14/2024 - et 15* février 2024
Igor Stravinski : Tango
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour piano, trompette et orchestre à cordes n° 1 en ut mineur, opus 35
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 41 en ut majeur « Jupiter », KV 551
Martha Argerich (piano), Giuliano Sommerhalder (trompette)
Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction)
(© Magali Dougados)
Après le Concerto pour violon de Sibelius il y a une semaine, l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) a poursuivi son exploration des œuvres rares, avec cette fois le Premier Concerto pour piano et trompette de Chostakovitch. Page ironique et parodique, d’une énergie débordante, c’est une des partitions préférées de Martha Argerich, qui y trouve un terrain idéal pour son caractère fougueux et débridé. Dans l’Allegro moderato initial, la célèbre pianiste se déchaîne littéralement, avec des passages d’une virtuosité époustouflante. Dans le Lento, c’est la trompette de Giuliano Sommerhalder, avec sourdine, qui prend le dessus. Le trompettiste solo de l’OSR impressionne par sa sensibilité et la finesse de son jeu. Le Moderato fait la part belle aux couleurs tristes et mélancoliques, avant un Allegro con brio explosif, au cours duquel le piano et la trompette semblent se lancer dans une course-poursuite ahurissante, marquée pourtant d’une précision digne d’une montre suisse. Les solistes et l’orchestre ont fait chavirer le vénérable Victoria Hall, au point qu’ils ont dû répéter le dernier mouvement, pour le plus grand bonheur des spectateurs.
La soirée a débuté avec un délicieux amuse-bouche, le très court Tango de Stravinski, un ouvrage d’abord écrit pour le piano (1940) puis arrangé pour une petite formation, au sein de laquelle les cordes et les ventes se livrent à un dialogue rythmé et incisif. Pour la seconde partie du concert, Jonathan Nott a choisi la Quarante et unième Symphonie « Jupiter » de Mozart. Si les trois premiers mouvements ont comblé les oreilles des mélomanes, avec des sonorités denses, un équilibre idéal des pupitres et des contrastes marqués, le chef a eu la baguette un peu lourde pour le dernier mouvement, ne réussissant pas à contenir son enthousiasme et ses élans, si bien que le morceau s’est terminé à la hussarde. On l’aura compris, la soirée restera dans les mémoires essentiellement pour la splendide exécution du Premier Concerto pour piano et trompette de Chostakovitch.
Claudio Poloni
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