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Le violon enchanté Geneva Victoria Hall 02/07/2024 - et 8* février 2024 (Lausanne) Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales
Jean Sibelius : Concerto pour violon en ré mineur, opus 47
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 « Z nového světa », opus 95, B. 178 Janine Jansen (violon)
Orchestre de la Suisse Romande, Charles Dutoit (direction)
J. Jansen, C. Dutoit (© Magali Dougados)
Invité régulier de l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR), Charles Dutoit vient de donner deux magnifiques concerts à guichets fermés, à Genève puis à Lausanne. A 87 ans, le célèbre chef n’a rien perdu de sa prestance. Sous sa baguette, les Valses nobles et sentimentales de Ravel, qui ont ouvert la soirée, ont été jouées avec beaucoup de raffinement et de panache, avec volupté aussi, le maestro ayant été particulièrement attentif à donner vie à chaque détail. En seconde partie, la Neuvième Symphonie « Du nouveau monde » de Dvorák s’est déployée tout en retenue et en délicatesse, dans des passablement étirés, mais sans excès ni pathos. On aurait certes pu souhaiter une lecture plus rutilante et flamboyante, mais force est de reconnaître la maîtrise et le métier du chef, qui a été chaleureusement applaudi à la fin du concert.
Le point fort de la soirée aura été l’exécution du Concerto pour violon de Sibelius par Janine Jansen, une exécution galvanisante qui a fait chavirer la salle. En raison de sa virtuosité folle, l’ouvrage est relativement peu joué. Janine Jansen a littéralement ébloui non seulement par la maîtrise de son instrument, mais surtout par sa façon de se jeter à bras‑le‑corps dans la partition, de s’y engager totalement. L’Allegro moderato initial, sombre et froid, a semblé d’un seul coup intense et lumineux, avec une incroyable pureté du son. Le deuxième mouvement, Adagio di molto, a été d’un raffinement impressionnant et d’une grande richesse de couleurs, notamment dans le registre grave. On se souviendra longtemps de sa longue ligne initiale, à peine audible. Changement complet d’atmosphère avec l’Allegro ma non tanto final, énergique et coloré. Les dialogues entre la soliste et l’orchestre ont été particulièrement vibrants et intenses, de même que les nombreuses cadences, avec des sons qui ont parfois semblé irréels. Le concert restera dans les annales de l’OSR.
Claudio Poloni
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