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Beethoven comme jamais entendu

Gstaad
Eglise de Saanen
02/02/2024 -  
Franz Schreker : Intermezzo pour orchestre à cordes, opus 8
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 20 en ré mineur, K. 466
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7 en la majeur, opus 92

Bertrand Chamayou (piano)
Luzerner Sinfonieorchester, Michael Sanderling (direction)


M. Sanderling (© Raphaël Faux)


L’édition 2024 des Sommets musicaux de Gstaad, qui s’est déroulée du 26 janvier au 3 février, était placée sous le signe du piano, après le violoncelle en 2023. Le célèbre festival fait chaque hiver la part belle à de jeunes espoirs de nationalités différentes et jouant d’un même instrument. Les étoiles de la nouvelle génération ont ainsi l’occasion de faire la preuve de leur talent au cours d’un concert donné l’après‑midi dans la petite chapelle de la station suisse. Ils sont suivis par un mentor, cette année le pianiste Michel Dalberto, lequel a résidé sur place toute la semaine et a pu prodiguer de précieux conseils aux espoirs du clavier. Le mentor préside aussi traditionnellement le comité qui attribue le prix Thierry Scherz (ainsi nommé en hommage au cofondateur et ancien directeur artistique du festival). La récompense est décernée à la meilleure prestation et donne au lauréat la possibilité d’enregistrer un disque avec orchestre. Cette année, le prix a été attribué à Arthur Hinnewinkel, qui a été formé en France. Les Sommets musicaux de Gstaad invitent en outre chaque hiver un compositeur en résidence, lequel écrit une œuvre originale pour les jeunes solistes. Le compositeur est présent, lui aussi, toute la semaine à Gstaad afin d’accompagner les artistes. Cet hiver, ce rôle a été tenu par Karol Beffa. Le prix André Hoffmann est attribué à la meilleure interprétation de son œuvre. C’est à nouveau Arthur Hinnewinkel qui a raflé la récompense.


Pour la programmation des concerts du soir, les Sommets musicaux de Gstaad peuvent compter sur le carnet d’adresses bien fourni de Renaud Capuçon, directeur artistique de la manifestation. Pour l’édition 2024, le violoniste a notamment invité les pianistes Martha Argerich, Bertrand Chamayou et Nelson Goerner, le violoniste Daniel Lozakovich, le violoncelliste Edgar Moreau, le flûtiste Emmanuel Pahud ou encore l’actrice Marthe Keller.


L’un des points forts de la vingt‑quatrième édition des Sommets musicaux aura été le concert donné par l’Orchestre symphonique de Lucerne, sous la direction de son chef principal, Michael Sanderling. Celui-ci a fait sensation en offrant une lecture de la Septième Symphonie de Beethoven absolument ébouriffante, originale et novatrice, réussissant l’exploit de proposer une vision entièrement nouvelle d’un ouvrage dont on croyait pourtant tout connaître. Chapeau. Avec une petite formation (trente‑six musiciens), le maestro a fait entendre un Beethoven particulièrement contrasté – excessivement diront les puristes –, alternant tempi extrêmement rapides et extrêmement lents, passages démesurément forts et pages démesurément pianissimo, comme le début du deuxième mouvement, abordé de façon à peine audible. Les premières mesures de la symphonie, avec des accents tellement secs et marqués, comme autant de coups de poing, et de longs silences entre chaque phrase ont déconcerté d’emblée bien des spectateurs. On peut apprécier ou non une telle lecture, mais force est de reconnaître l’immense mérite du chef d’avoir fait entendre comme jamais auparavant un chef‑d’œuvre si souvent joué.


En première partie de soirée, le Vingtième Concerto pour piano de Mozart par Bertrand Chamayou a été une relative déception. Si le pianiste a séduit par sa musicalité, son jeu raffiné et la légèreté de son doigté, il a, en prenant le parti de tempi particulièrement rapides, clairement privilégié la virtuosité au détriment de l’intériorité et de l’émotion. Le concert a débuté avec le rare Intermezzo pour orchestre à cordes de Franz Schreker, à la riche veine mélodique.


Rendez‑vous est déjà pris du 31 janvier au 8 février 2025, pour la prochaine édition des Sommets musicaux de Gstaad.



Claudio Poloni

 

 

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